





Paul Vincent (1951-1997)
Paul Vincent est né à Sainte-Émélie-de-l'Énergie dans Lanaudière le 6 novembre 1950. Son père est un homme
d’affaires prospère de la région de Lanaudière (restaurant, Station Service, scierie, etc.). Dès son jeune âge, c’est un fou
de la radio, c’est ce qu’il veut faire dans la vie. Il transforme ses jouets en micros et imite les annonceurs radio du
temps. Il a du mal à convaincre ses parents qu’il peut exercer ce métier. Il a toujours voulu leur prouver.
Il amorce sa carrière radiophonique à l’antenne de petites stations situées en périphérie de Montréal. Il n’a que seize ans quand il s’expatrie à Timmins, Ontario. Il devient annonceur pour la station CFCL et pendant un an il est le « morning man ». Puis à Sorel pendant un an à CJSO. En 1970, après avoir pris un cours de radio, il obtient un poste de la défunte station CJMS à Montréal. Au début, il s’est tenu tranquille, c’est un animateur conventionnel. Puis, sa personnalité a éclaté, tout le monde s’est rapidement rendu compte de sa folie. Aussitôt qu’il sort des ondes, c'est un véritable bouffon. Les patrons finissent pas s’en rendre compte aussi. En six mois, il devient une vedette.
Les réveillons de Noël et du Nouvel An, retransmis par CJMS à l'époque, sont parmi les grands moments de folies de la radio AM. Michel Jasmin, également à ses débuts et colocataire de Vincent, devient un peu son straight man. Au dire de Michel Jasmin: “Paul Vincent a marqué ses plus belles années au AM”.
Paul Vincent, aussi connu sous le nom de Ti-Paulo, organisait des émissions sur le balcon des auditrices où les vedettes se pointent. Avec son public, il avait un lien très fort. Lorsque Paul animait en début de soirée, il faisait des choses incroyables. Son fameux saut de la mort, par exemple; il demande à ses auditrices de monter sur une chaise et de faire le saut de la mort dans leur cuisine, alors qu'il est en direct avec elles au bout du fil! Et elles finissent par sauter, pendant que Ti-Paulo fait jouer des bruits insolites afin d'illustrer leur atterrissage. Ce n’est pas la télé, mais quand les auditeurs entendaient le crash de la dame sautant en bas de sa chaise, c’était le bonheur! En fait, il a le don de rendre la radio visuelle. Des gens disent de lui qu'il rit de son public. Pour Paul, ce n’est pas ça du tout.
Ainsi sévit l'ancêtre de tous ces humoristes des ondes qui ont marqué la radio québécoise depuis lors. Cette exubérance cache une certaine insécurité. Ses proches sentent qu'il a des choses non résolues avec son passé, plein de vieux démons. Notamment, il demeure bouleversé par le décès de sa sœur cadette. Dans le même ordre d'idées, le fait de ne pas vraiment se préoccuper de l'avenir camoufle ses craintes. Il n’ose jamais aller au fond de ses problèmes.
À 26 ans, il est devenu un des plus célèbres disc-jockeys au Canada. Il sort un premier simple Disco Duck qui s’est vendu à plus de 800 000 exemplaires à travers 35 pays. En 1977, son autre simple, Super Elton, se retrouve en 39e position sur le Billboard (c’est le classement hebdomadaire des 100 chansons les plus populaires aux États-Unis).
L’étoile de Paul Vincent commence à pâlir au milieu des années 1970. La radio AM est, petit à petit, reléguée au second plan. En 1981, CJMS le met à la porte pour des raisons inexpliquées. Mais déjà, il avait découvert l’alcool et la drogue. N’étant plus la saveur du mois, il vit de petits boulots. Et un jour…en visite chez sa sœur, son neveu lui apporte un démo où un jeune inconnu chante quatre chansons, notamment Hélène. Pour Paul Vincent c’est une révélation. Mais quand il finit par rencontrer le chanteur, il est subjugué. Roch Voisine a 19 ans, est beau comme un dieu et n’a pas du tout le goût d’une carrière dans la chanson. Il ne croit pas à son talent. Il joue au hockey et s’apprête à entrer à l’Université d’Ottawa pour devenir physiothérapeute. Qu'à cela ne tienne.
Paul Vincent revient à la charge quelques années plus tard. Roch accepte de plonger dans la pop. Paul Vincent consacre toutes ses énergies à la carrière de son poulain. Avec les résultats que l’on sait.
En 1989, la chanson Hélène a fait un malheur en France. L’argent a commencé à pleuvoir sur le chanteur et son gérant. Ti-Paulo fait des folies, s’achetant notamment une Rolls Royce en 30 minutes.
En avril 1996, une perquisition à l'appartement de Paul Vincent avait permis de découvrir du haschich, de la cocaïne et une arme prohibée. Reconnu coupable de possession de drogue, le manager de Roch Voisine obtient l'absolution inconditionnelle, qui laisse vierge son casier judiciaire. Les plaies de l'homme sont demeurées néanmoins ouvertes.
Paul Vincent a un énorme appétit de réussir et ça passe par deux choses, la reconnaissance et l’argent. La reconnaissance il l’a eu grâce à la radio et l’argent grâce à Roch Voisine.
On se souvient de l’allusion qu’il avait faite aux dollars qu’il mettait dans sa sacoche, lors d’un gala de l’ADISQ. Une bourde qui allait en faire un paria dans le milieu. Il a toujours eu un profond respect pour son auditoire, mais ça ne paraissait pas ce soir-là. Ses amis diront qu’il a utilisé les mauvais mots, il voulait seulement montrer à ceux qui n’avaient jamais cru en lui qu’il avait réussi. Suite à ce malheureux épisode, Paul Vincent n’est plus le même, il s’isole complètement et ne parle plus à personne, enfermé dans son luxueux appartement.
Puis, Roch Voisine s’est éloigné de Paul Vincent, qui a de plus en plus sombré dans la drogue et l’alcool. Non, l’argent n’a pas fait le bonheur de Paul Vincent.
Le 4 mai 1997, Paul Vincent est retrouvé sans vie dans son appartement victime d'une overdose. Il a 46 ans.
«La vie de Paul ne fut pas un long fleuve tranquille, mais plutôt une rivière formidable et impétueuse, qui a nourri notre imagination de ses passions, avant de suivre son cours vers la mer et de s’y reposer en paix», Roch Voisine.
Discographie partielle:
L’abominable homme des ondes / TC Profil / Pro-50-1 / 1972
Il faut que ça marche / Les Disques JBM / 24001 / 1973
Paul Vincent…Polofolie / Célébrité / CEL-2021 / 1981
Sources:
1977 Télé-Radiomonde, 10 juillet, P. 8
1977 Le Petit Journal, 16 juillet, P. 13
1997 Le Soleil, 7 mai, P. C11, Josée Lapointe
1997 La Presse, 6 mai, P. A1. A3. A20, Alain Brunet
2004 La Presse 7 octobre, P. 4 Arts et Spectacles, Louise Cousineau
Célébrité CEL-2021 1981



Les disques JBM JBM 24001 1973


TC Profil PRO-5901 1972

