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L’histoire des cabarets

L’histoire des cabarets montréalais s'étend du début des années

1920 aux années 1970.  Ces derniers ont créé, sans conteste, un

phénomène social, économique et culturel qui a contribué à

transformer radicalement le milieu du spectacle montréalais et

québécois.Toutefois, la mafia new-yorkaise et, par la suite,

montréalaise ont des liens très serrés avec le monde des cabarets montréalais.

En 1920, le Congrès américain vote un amendement constitutionnel (le Prohibition Act) qui interdit la
production et la consommation de boissons contenant plus d'un demi pour cent d’alcool, mesure qui a pour effet de ruiner rapidement les cabarets de New-York (et surtout ceux de Harlem) et met au chômage leurs artistes.

En 1921, le gouvernement Taschereau lui, opte pour une solution avant-gardiste : la création de la
Commission des liqueurs du Québec (SAQ) qui permet l'accès légal (et contrôlé) à toutes les boissons alcooliques.

Au milieu des années 1920, on observe que plusieurs artistes de New-York s'installent à Montréal pour jouer
dans le milieu naissant des cabarets montréalais.  Déjà à la fin des années 1920, on retrouve à Montréal plusieurs boîtes de nuit et  clubs très courus : le Boulevard, le Commodore, le Hollywood, le Blue Sky, et le Cabaret Chinese Paradise.

Montréal a la réputation de grande ville nord-américaine de cabarets

En 1930, une grande vedette des cabarets new-yorkais, Texas Guinan, arrive à Montréal pour l'ouverture du
Cabaret Frolics. Cette animatrice et chanteuse vedette est reconnue pour s'écrier « Hello suckers! »  et ça accélère l'engouement pour Montréal et plein d'artistes de cabarets américains viennent s'établir à Montréal.

La crise de 1929, porte un dur coup au night life montréalais, mais surtout la fin de la prohibition aux États-Unis en 1933. Plusieurs vedettes américaines retournent vivre aux États-Unis.  Le Frolics Cabaret ferme ses portes en 1933 après trois ans d'opération.

Au début des années 1930, la réputation de Montréal « ville ouverte » n’est plus à faire la "Paris de l’Amérique du Nord".  Tout plaisir illicite peut y être acheté à toute heure du jour et de la nuit.

La mafia new-yorkaise s'installe à Montréal et la rue Clark devient célèbre pour ses maisons closes.  On retrouve à l’angle des rues Saint-Laurent et Ontario la plus importante centrale de paris téléphoniques d’Amérique.  La nouvelle réputation de Montréal et l'aide de la mafia permettent à certains cabarets montréalais de survivre à ses années difficiles.

Au début des années 1940, il y a entre vingt-cinq et trente cabarets à Montréal.  À la fin des années 1940, une quarantaine de cabarets de style fort variés sont en opération en même temps.

C’est avec l’apparition du cabaret Au Faisan Doré, en 1947, que le visage des cabarets montréalais change.  Jacques Normand ouvre un cabaret francophone qui permet aux artistes français et québécois de se produire avec succès.  Les cabarets montréalais accueillent toutes les grandes vedettes américaines, françaises et québécoises.  On y voit les spectacles des grands

artistes français au cabaret Au Faisan Doré(Aznavour, Rossi, Trenet) Frank Sinatra, Dean Martin, Jerry Lewis et

Sammy Davis Jr se produisent, eux, au Cabaret Chez Paree.  Les effeuilleuses telles que Lili St-Cyr, Peaches et

Gypsy Rose Lee se voient au Théâtre Gayety et au Cabaret Roxy.  Le paysage nocturne montréalais est peuplé d’une

diversité et d’une vitalité sans pareille.  Il y a même les Cabaret Samovar,  El Morocco et  Tic Toc qui proposent des

spectacles « every hour on the hour » il y a un spectacle à toute les heures.

Au cœur de toute cette effervescence et nouvelle réputation,  ce n'est pas long que l’on associe le surnom de Quartier

du Red Light de Montréal au boulevard Saint-Laurent.

Puis il y a The Corner, rue Craig (maintenant rue Saint-Antoine) et de la Montagne, c’est là qu’on retrouve le point

central du jazz à Montréal de 1945 jusqu'au milieu des années 1950.

Aux cabarets Rockhead’s Paradise et au Café St-Michel, c’est la période durant laquelle Oscar Peterson devient un

pianiste de jazz reconnu et Oliver Jones débute sa carrière. Plusieurs artistes noirs de jazz y font de nombreuses

présences, tels Art Pepper, Fats Navarro et Sonny Rollins, qui viennent y jouer régulièrement.

Au début des années 1950, le milieu des cabarets montréalais continue de vivre une effervescence extraordinaire

malgré les changements de noms et de propriétaires de cabarets.  Jacques Normand est maintenant animateur et

maître de cérémonie au Cabaret Saint-Germain-des-Prés et on voit apparaître d'autres cabarets francophones à

Montréal : Casa Loma, le Beu qui rit, etc.  On voit aussi naître plusieurs cabarets dans toutes les régions du Québec

et les artistes commencent à faire des tournées en province.

Les cabarets montréalais présentent de plus en plus d'artistes montréalais et québécois (animateurs, chanteurs, humoristes, musiciens), inspirés par le succès du cabaret Au Faisan Doré.  Et c’est aussi dans les années 1950, qu’on découvre Monique Leyrac, Félix Leclerc, Raymond Lévesque, Dominique Michel, Clémence DesRochers, Denise Filiatrault, Pauline Julien, Oscar Peterson, Oliver Jones et Paul Berval.

Jean Simon y joue un rôle très actif d'imprésario et de chercheur de nouveaux talents francophones dans les années 1950 et 1960 avec son concours "Les découvertes de Jean Simon" qui sera très couru au cabaret "Café de l'Est" ainsi qu'à la "Casa Loma". Ginette Reno (entre autres) y commencera sa carrière.

Devant les liens entre la mafia et certains commerces du quartier du Red Light de Montréal, en 1950, arrive le Comité de moralité publique de Montréal .  Un jeune avocat du nom de Jean Drapeau, avec l’aide Pacifique Plante (connu aussi sous Pax Plante), demande et obtient de la Cour supérieure du Québec une enquête publique.  L’enquête Caron (du nom du juge qui la préside) présente son rapport en octobre 1954.  Des accusations sont portées contre vingt officiers de police qui sont poursuivis et congédiés.  Jean Drapeau devient maire de Montréal.  Aussitôt, Pacifique Plante est nommé chef de l’escouade de la moralité.  Une vague intense de répression contre les maisons de jeux "barbotes "et les bordels s’ensuivit.  Ces actions provoquent un effet dépressif sur l'ensemble des cabarets montréalais encore très nombreux.

En 1957, après une élection entachée d’irrégularités, Jean Drapeau est évincé de l’hôtel de ville.  Après une pause de trois ans, Jean Drapeau reprend le pouvoir et « termine le ménage ». Le « Roxy » et le « Bijou » sont même démolis.

Même si certains cabarets continuent d'opérer avec un certain succès dans les années 1960 (ex. le Café Saint-Jacques, le Café de l'Est, le Cabaret Casa Loma, le Café et Cabaret Montmartre et le Mocambo), le déclin est visible et irréversible.  Les nouvelles mesures policières, la popularité de la télévision, la venue d'un nouveau style musical (le rock) convergent à réduire au silence le milieu des cabarets.  Après l'Exposition universelle de 1967, le monde des cabarets montréalais n'est plus, pour ainsi dire, qu'un souvenir.

Durant les premières années de la télévision canadienne (années 1950), quelques émissions phares permettent aux artistes de cabarets de connaître une célébrité soudaine.  En effet, par exemple les émissions Music-Hall et Au p'tit café, inspirées directement des cabarets montréalais procurent à des vedettes comme Dominique Michel, Jacques Normand et Paul Berval une visibilité qui vont propulser leur carrière.

Jusqu’au années 1960, les boîtes de nuit étaient en excellente santé à Montréal puis les choses se gâtent.  En 1950, un cabaret moyen coûte de 100000 à 150000$, mais une vedette locale est payée 50$ par semaine.  Dans certains cas, 460 à 700$.  Brusquement, les prix grimpent, sous l‘impulsion, entre autres, des cachets versés à Michel Louvain qui avait atteint un tel degré de popularité qu’il pouvait réclamer 1,500$ par semaine.

 

Malheureusement l’arrivée de l’Expo 67 a tout changé. On peut dire que l’Expo a provoqué le déclin des cabarets.  Les artistes coûtent trop cher et peuvent également travailler à la télévision.  Mais la drogue, la mafia, la violence aussi ont fait en sorte que les gens fréquentent de moins en moins les cabarets.  C’est la fin de l’époque des cabarets. 


Puis la concurrence de la télévision se fit de plus en sentir. Les gens prennent l’habitude de se faire livrer leurs repas plutôt que d’aller au restaurant.  "L’âge d’or des boites de nuits est déjà passé."  Une triste fin que celle des cabarets mais tout de même, de bons souvenirs.

L’effervescence des cabarets montréalais, la présence de nombreuses vedettes étrangères, les liens reconnus avec la mafia (locale ou new-yorkaise) ainsi que son rôle dans l'émergence d'artistes québécois marquent l'imaginaire montréalais et québécois.

Plusieurs productions télévisées ou de cinéma québécoises rappellent cet univers :

1953 - 1955 : Le Café des artistes (TV) avec Gilles Pellerin, Jacques Normand et

Lucille Dumont.
1955 - 1957 : Porte ouverte (TV) avec Gilles Pellerin et Jacques Normand.
1955 - 1962 : Music-Hall (TV) animée par Michelle Tisseyre.
1956 - 1961 : Au p'tit café (TV) animée par Dominique Michel, Normand Hudon et

Pierre Thériault

1984 La Presse, 18 juin, P. 8, Francine Osborne
1992 : Montréal, ville ouverte de Lise Payette (TV).
1992 - 1995 : Montréal P.Q. de Victor-Lévy Beaulieu (TV).
1999 - Les Girls (documentaire de l'Office national du film du Canada).
2004 : Jack Paradise (Les nuits de Montréal) de Gilles Noël (cinéma).
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/783597#L.27influence_du_maire_de_Montr.C3.A9al.2C_Jean_Drapeau

 

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Cabaret Frolics- 1417, boulevard Saint-Laurent (1930-1933)

Val d'Or (Café) - 1417, boulevard Saint-Laurent (1942-1946)

Au Faisan Doré- 1417, boulevard Saint-Laurent (1947-1950)

Café et Cabaret Montmartre- 1417, boulevard Saint-Laurent (1951-1970)

Cabaret Saint-Germain-des-Près - au coin sud-ouest des rues Ste-Catherine et St-Urbain, aujourd'hui disparu pour faire place au Complexe Desjardins

Café Savoy - 1457, rue Saint-Alexandre

Café Domingo

Café de l'est - 4558, rue Notre-Dame est

Café Continental : 108, rue Sainte-Catherine ouest, aujourd’hui démoli pour faire place au Complexe Desjardins.

Café du Nord - 10715, boulevard Pie-IX

Café Saint-Michel - 770, rue de la Montagne (au sud de St-Antoine)

Café Rialto : 1217, boulevard Saint-Laurent (1930-1983), à la fin sous le nom de New Rialto Café

Le Café Provincial : coin boulevard Dorchester (devenu boulevard René-Lévesque en 1987) et rue Saint-Hubert

Le Crystal Palace - 1225, boulevard St-Laurent.  Construit 1908 - après plusieurs transformations, devient le Club Soda en 2000

Café Eldorado - 5777, boulevard Saint-Laurent, plus tard Le Diplomate

Cabaret Blue Sky - 65, rue Ste-Catherine ouest

Cabaret La Ceinture fléchée - 97, rue Sainte-Catherine est (aujourd'hui, les Foufounes électriques).

Casa Loma - 94, rue Sainte-Catherine est (1940, 1950, 1960)

Casino Français - 1224, boulevard Saint-Laurent (1951-1969)

Casino Bellevue - 375, rue Ontario Ouest (coin Bleury) (21 avril 1949- fin 1950)

Théâtre Gayety - 84, rue Sainte-Catherine ouest (aujourd'hui le Théâtre du Nouveau Monde) (1912-1953)

Aux Trois Castors - 415, rue Sainte-Catherine est, aujourd'hui disparu pour faire place au Pavillon Judith-Jasmin de l'UQAM

Le Café Saint-Jacques - 415, rue Sainte-Catherine est, situé sous le cabaret Aux Trois Castors à l'angle des rues St-Denis et Sainte-Catherine, aujourd'hui disparu pour faire place au Pavillon Judith-Jasmin de l'UQAM

Chez Paris - 1258, rue Stanley

Chez Paré - 1258, rue Stanley (maintenant un club de danseuses nues)

Club Lido - 1258, rue Stanley (1931-?)

Club Samovar - 1424 rue Peel (1928-1950)

El Moroco - 1445, rue Lambert-Closse

Tic Toc Club

Cabaret Chinese Paradise - 53-57, rue de La Gauchetière, dans le quartier chinois de Montréal (années 20 et 30)

Chez Maurice - 1244, rue Sainte-Catherine ouest (1933- milieu des années 40)

Sans Soucy - 1244, rue Sainte-Catherine ouest

Hollywood Club - 92, rue Ste-Catherine est (années 20 et 30)

Boîte La Cave - rue Mayor

Le Mocambo ou Café Mocambo : 2591, rue Notre-Dame est

Lion D'Or - 1676, rue Ontario est (1930 - toujours en opération comme salle de spectacles et de réceptions)

Beaver - à l'angle des rues Sainte-Catherine et Bleury

Rockhead's Paradise - 1258, rue St-Antoine ouest (1931-82)

Normandie Roff - situé sur le toit de l’hôtel Mont-Royal (actuellement Les Cours Mont-Royal, au coin de la rue Peel et du boulevard de Maisonneuve)

Le Bijou - 20, rue de la Gauchetière (démoli au début des années 60)

Le Roxy - 1159, boul. Saint-Laurent (démoli au début des années 60)

Strand Theatre - 912, rue Sainte-Catherine ouest

Le Sheik - rue Notre-Dame

Le Bagdad - situé face à l'hôtel Mont-Royal

Le Yellow Tea Pot

Le Ohio House

Théâtre des Variétés

Au Cabaret Chez Fernand Gignac

Château Frontenac à Sherbrooke

La salle Chaboyer

Palais Montcalm à Québec

La Catastrophe

Au Patriote

Hotel Rustik

Manoir de Brucy

Le Patriote à Clémence

Théâtre Arlequin

Cabaret Casablanca

Le Faisan Bleu

À la porte Saint-Jean

Le théâtre National

Chez Clairette

À la Comédie Canadienne

La Butte à Mathieu

Hotel Plaza

Motel le Totem Piedmont

La Porte St-Denis

L'Évêché de l'Hotel Nelson

Cabaret Stardust de Lachine

Hotel Le Sommet

Montréal À l'hotel York de Calumet

La feuille de gui

Eastman La Marjolaine

Piano-bar du restaurant La Seigneurie

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