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El Morocco

 

El Morocco, inspiré librement du cabaret "El Morocco" de New-York, était une institution phare des cabarets montréalais

des années 1940 et du début des années 1950.

 

El Morocco fut un des cabarets montréalais les plus prestigieux et courus dans les années 1940 et 1950.  Il était situé au

1445, rue Lambert-Closse, à Montréal (tout près de l'ancien Forum de Montréal).

 

Toutes les célébrités américaines de passage à Montréal venaient y faire un tour, telles les boxeurs Jack Dempsey et Jack Sharkey, plusieurs joueurs professionnels de hockey ou encore Lili St-Cyr après son spectacle au Théâtre Gayety.  Lors d'une visite au El Morocco, elle fit la connaissance de la chanteuse Alys Robi qui triomphait à cet endroit.  Alys Robi fut l'une des rares artistes canadiennes à se produire dans cet établissement haut de gamme qui préférait recevoir des vedettes étrangères.

 

Le El Morocco a eu plusieurs adresses au cours de son existence. En 1942, il est situé sur la rue Metcalfe tout près de Sainte-Catherine.  Cette année-là on inaugure le nouveau El Morocco.  On dit de ce dernier qu’il est un des cabarets le plus moderne de l’Amérique et le plus chic de Montréal.  C’est le troisième établissement en importance à Montréal dans les années 1940.  Rien de moins.  

 

La décoration intérieure est l'œuvre de Georges Mitchell.  Il a dessiné les plans de plusieurs cabarets célèbres de Chicago.  Tous ceux qui fréquentent le club sont unanimes, le club est aménagé et décoré selon un style très moderne. Les murs sont recouverts de cuir rouge. La salle à manger est séparée de la salle de spectacles par une cloison de verre.  Un haut-parleur est installé dans le plafond de sorte qu’on peut voir et étendre le spectacle tout en dégustant un bon repas.

 

Le lendemain de l’inauguration, Le El Morocco publie une petite annonce d’excuse: « Le plus plus beau café dans les deux Amériques désire s’excuser auprès des centaines de personnes qui, faute de place, n’ont pu assister hier soir à l’ouverture dont le succès fut retentissant »

 

Selon le chroniqueur montréalais de l'époque, Al Palmer, "The El had the priettiest chorus line, the funniest comics, the thickest steaks and the strongest drinks ». "Le El a les plus belles danseuses, les fantaisistes les plus drôles, les steaks les plus épais et les boissons les plus fortes".

 

En 1943, le El Morocco innove.  On annonce que le café présentera, et ce tous les samedis, le spectacle régulier à trois heures de l’après-midi.  La nouvelle devise du El Morocco est maintenant  “Le jour comme la nuit”. Le café veut rejoindre le plus de gens possible.  C’est probablement la première fois qu’un cabaret décide d’offrir, au beau milieu de la journée, son spectacle régulier du soir, et ce tout en continuant de présenter deux spectacles par soir.  Cette nouvelle politique de l’El Morocco attire un public nombreux et obtient un très grand succès.

 

En 1947, le café El Morocco change de propriétaire et de look.  Le trio de propriétaire est composé de Yvon Robert, populaire lutteur québécois des années 1930-40-50, Eddie Quinn, gérant de plusieurs lutteurs, notamment Édouard Carpentier, et  promoteur de boxe et Léo Dandurand, propriétaire des Canadiens de Montréal dans les années 1920.  Jimmy Orlando, ancien joueur de hockey, est nommé comme gérant.  Il connut une relation tumultueuse et médiatisée avec l’effeuilleuse Lili St-Cyr.

 

Malheureusement pour plusieurs cabarets, la pègre est omniprésente.  Le El Morocco ne fait pas exception. Un soir de juillet 1955, Frank Petrula, dans une tournée des grands-ducs débarque au El Morocco.  La boîte est sous la protection de Harry Smith, un concurrent de Frank qui entretient des rapports cordiaux avec Luigi Greco et un certain Vic Cotroni.  Passablement éméché, Petrula croise Smith et le ton monte rapidement entre les deux hommes. Un échange de coups s'ensuit.  On sépare les deux hommes et Petrula, hors de lui, passe la porte et revient quelques minutes plus tard accompagné d’une demi-douzaine de gros bras.  Smith lui, en a profité pour partir.  Rien pour calmer Frank Petrula.  Munis de bâtons de baseball, le gang de Petrula met la place sans dessus dessous, cassant tout ce qui leur tombe sous la main et même certains clients.  Ce soir-là, trois autres bars seront la proie de Petrula.

 

Toujours en 1955, le El Morocco frappe un grand coup.  On réussit à engager, pour une semaine, La Môme Edith Piaf.

 

En 1957, c’est au tour de Sammy Davis Jr de se produire sur les planches du El Morocco.

 

En 1963, la ville refuse de renouveler le permis de restaurant et un permis de liqueurs alcooliques pour consommation sur les lieux. 

 

Au mois de mai 1964, le gouvernement refuse de renouveler,  encore une fois, le permis de vente d’alcool. Un somme de 29 000$ en taxe et intérêt, est due au gouvernement provincial. Un porte-parole du ministère des Finances déclare que la fermeture du plus grand cabaret de Montréal, servira d’exemples aux autres institutions du genre qui négligent de verser au gouvernement le produit de la taxe de vente.  De plus, le El Morocco se trouve pratiquement en faillite, ses dettes s'élèvent à plus de 107 000$.

 

En septembre 1966, la direction de El Morocco annonce l’ouverture prochaine d’un restaurant-cabaret-théâtre. Le El Morocco est entièrement rénové et, pour la première fois, les Montréalais peuvent prendre l’apéro, dîner et assister à un spectacle musical de Broadway sous un même toit.

 

Le cabaret s’assure les services de Tommy Finnam lll, producteur, directeur et chorégraphe venu directement de New-York. Des comédies musicales telles que « My Fair Lady » et « west side story » y seront présentées.

 

En 1967, le célèbre travesti, Guilda, achète le EL Morocco qui deviendra « Chez Guilda ».

 

Sources:
 

1942 Le Canada, 12 mars, P. 6

1942 La Presse, 13 mars, P. 17

1943 Le Canada, 19 février P. 6

1943 Le Canada, 22 févrie,r P. 6

1955 Le Devoir, 12 décembre, P. 7

1963 La Presse, 1 octobre, P. 3, Raymond Masse

1964 La Presse, 12 mai, P. 2, Teddy Chevalet

1964 La Presse, 2 juin, P. 3

1966 La Presse, 13 septembre, P. 35

1967 Télé-Radiomonde, 4 mars, P. 5

1972 Télé-Radiomonde, 7 octobre, P. 10

1991 La Presse, 17 novembre, P. A12, Daniel Proulx

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