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Café Saint-Jacques

C'est à la fin de la guerre (1939-1945) que François Pilon fait l’acquisition du Café Saint-Jacques.  À L’époque, c’est un restaurant, un bon restaurant.  C’était le début de l’ère des cabarets et M. Pilon suit la tendance et transforme le restaurant en cabaret.  C’est ce qu’il est demeuré pendant vingt-cinq ans.

Déjà en 1949, la réputation du Café Saint-Jacques n’est plus à faire. Soucieux de toujours mieux servir sa clientèle, le Café entreprend d’important changements et ouvre un nouveau "lounge"  qu’on annonce comme étant l’un des plus beaux et modernes du genre à Montréal.

En 1950, le Café Saint-Jacques est devenu "la boîte de nuit de la radio".  C’est de là que sont diffusés trois émissions de radio de la station CKVL.  "Reine d’un soir", "Une femme, un accordéon , un caboulot" et "Miss Cinéma 1950".

La petite boîte à chansons du premier étage, où au cours de ses quinze années d’existence, voit défiler sur sa scène les grandes vedettes du showbizz montréalais.  François Pilon qui suit de près l’actualité dans le domaine du divertissement ne se gêne pas pour changer les noms de ses clubs, situés aux étages, pour plaire à sa clientèle.  C’est ainsi qu’en 1955, le Scribe, une véritable boîte de chansonniers voit le jour.  En 1964 le Scribe devient le Purgatoire, Claude Michaud en a la direction.  Un peu plus tard,  Le Purgatoire est remplacé par le Club YéYé, qui devient, en 1966,  le Club Batman pour finalement devenir en 1967 le Kazoo.  Mais le Café Saint-Jacques reste fidèle à lui-même.

En 1969, alors qu’on entreprend la réfection du rez-de-chaussée du Café Saint-Jacques, les travailleurs mettent à jour les splendides murs de la maison du premier évêque de Montréal.  En fait, c’est quatre étages de solide maçonneries, hélas engorgées entre de quelconques bâtisses, au coin de Saint-Denis et Sainte-Catherine.  L'édifice a été construit en 1823 et les évêques Lartigue, premier évêque de Montréal, et Bourget l’habitent successivement jusqu’en 1852.  Le bâtiment, après avoir abrité les évêques, est devenu une école, un entrepôt, un magasin de chaussures et de robes et, finalement un cabaret.

Dans les années 1970, les cabarets, en général, ont moins la cote.  La situation est encore plus troublante pour ceux qui sont installés dans le centre-ville.  Jadis le coeur du « night-life »,  ce coeur a, tranquillement, cessé de battre. Toujours en 1970 le propriétaire, François Pilon, a des petits problèmes financiers.  Il est condamné à une amende de 4 500$ et une autre de 500$ pour le Café Saint-Jacques.  Il aurait omis de déclarer ses revenus entre 1963 et 1967.  Résultat: 5 000$ d’amende et 25 000$ de remboursement d’impôts.

La Casa Loma et le Café Saint-Jacques étaient entouré d’une foule de boîtes qui fonctionnaient très bien, à peine quelques années.  En 1970, le Café Saint-Jacques se retrouve seul sur son coin dans une  partie de la ville qui cesse de vivre à six heures le soir.  Si le Café se maintient en vie, c'est surtout grâce aux émissions de radio qui sont diffusées à partir de son établissement.  Petit à petit, il reprend sa fonction première de restaurant.  Il a bien gardé sa vocation de cabaret à l’étage…ou plutôt de salle de danse.  Il n’y a plus de spectacle, qu’un orchestre qui amuse la clientèle.  La boîte à chansons du premier étage, est fermée.

L’institution nationale, le  Café Saint-Jacques, berceau des Jacques Normand, Paul Berval, Jean Duceppe, Le Père Gédéon,

Clairette et combien d’autres, ferme ses portes en 1972 suite à l’expropriation de l’immeuble.
 
Avec la fermeture du cabaret le Café Saint-Jacques, c’est une autre page de l’histoire des cabarets qui se tourne.


Sources:


1950 Le Petit Journal, 28 mai,  P. 67
1964 Télé-Radiomonde, 29 février,  P. 6, Phil Laframboise
1969 Photo-Journal - tout par l'image, 2 juillet,  P. 2,  Claude Asselin
1970 Télé-Radiomonde, 3 octobre,  P. 8
1970 La Presse, 17 décembre,  P. 15, Y.L.
1972 Photo-Journal - tout par l'image, 28 mai,  P. 7, Jean Morin

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