Elzéar Hamel (1871-1944)

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Elzéar Hamel est né à Montréal en 1869. Il commence à jouer des rôles dès l'âge de sept ans dans diverses troupes

d'amateurs.

Il débute sa carrière en 1898.  Il joue d'abord au Théâtre des Variétés, la première troupe de théâtre francophone,

professionnelle et permanente à Montréal, et plus tard pour la troupe du Théâtre National, puis pour le Théâtre

Canadien.  Il se produit avec de nombreux comédiens montréalais connus et avec des vedettes de la scène musicale du

Québec.  Une revue d'art locale présente Hamel comme “l'acteur dramatique que tout Montréal applaudit”.  Hamel fait aussi le tour du Québec et de la Nouvelle-Angleterre dans les années 1920.

La voix d'Elzéar Hamel s'est frayé un chemin chez les acheteurs et acheteuses de disques en français non pas par la chanson, mais par les monologues comiques qu'il a enregistrés entre 1916 et la fin des années 1920.

Il était le type du parfait gentleman.  Il avait très belle allure, aussi bien à la ville que sur la scène. Sa taille, son physique et surtout sa voix le désignaient pour ce que l'on est convenu d’appeler, au théâtre, les troisièmes rôles, les traîtres.  Hamel les jouait avec une telle conviction que, bien souvent, on l’attendait, à la sortie, pour lui faire un mauvais parti.  Pourquoi on lui confie les rôles de traître?  Était-ce sa mimique, son timbre de voix, sa façon de ricaner? Il n’en sait rien. “Je peux vous dire cependant que j'aimais particulièrement cet emploi, parce qu’il oblige à des compositions.  Plus j'étais hué, plus j’étais satisfait.  On m’aurait envoyé des fleurs, je n’aurais pas éprouvé de plus grande joie, L’interprétation convenait…”.
 

Fred Barry, illustre comédien, chanteur et directeur de théâtre, disait de lui que: “Hamel eut un triomphe sans précédent et sans parallèle dans la petite histoire du théâtre.  Je me  souviens que dans une pièce, il n'y avait qu’une scène.  II silhouettait un vieux du terroir et ne disait que quelques phrases.  Ce fut une ovation telle que Hamel dut revenir saluer plusieurs fois et que les acteurs constatent que le désir du public était qu’on reprenne ce court intermède”.

Dérogeant à ses rôles dramatiques habituels, Hamel enregistre plusieurs douzaines de monologues comiques dont la plupart racontent les aventures d'un personnage traditionnel appelé Ladébauche (personnage ivrogne et immoral), rôle qu'il a aussi joué sur scène.  Commençant en 1916 avec Ladébauche au téléphone, il enregistre un grand nombre de monologues comiques sous l'étiquette Columbia  à New-York.  Il fut le premier, parmi les canadiens, à enregistrer des monologues qui se vendaient par milliers, si bien qu’il pouvait exiger jusqu'à 1 000$ pour un simple enregistrement.
 

Quelque part entre 1924 et 1926, il enregistre ses monologues sous l’étiquette His Master's Voice, réservée aux enregistrements d'artistes canadiens-français.  Plus tard, il fait quelques enregistrements sous l'étiquette Brunswick.  Parmi les nombreux enregistrements de Hamel dans la série  Ladébauche , on trouve Ladébauche, dompteur de lions et La Débauche, le rebouteux. Quelques-uns des enregistrements de Hamel ont aussi imité les voix de comédiens canadiens-français connus.  Il était également vedette de revue de fin d'année. 

C’est Albérique Bourgeois, journaliste, caricaturiste et auteur des monologues qu’il enregistrait, qui lui bâtit le personnage  du Père Ladébauche.  Ce personnage devint extrêmement populaire dès le début du siècle,  et devait faire une très longue carrière.
Il l’avait campé sur la scène, dans quantité de revues, avec la tuque rouge, le capot, les bottes, la ceinture fléchée et la barbiche, il en possédait toute la saveur, le pittoresque, la fine bonhomie.  De lui nous restent des disques 78 tours, qu’on peut encore trouver dans des brocantes, ventes de garage ou comptoirs familiaux, qu’il a enregistrés à New-York et qui nous permettent encore de constater la beauté du personnage de Ladébauche.
 

Le théâtre déclinant, il abandonne la scène en 1931.  Hamel se résigne à devenir fonctionnaire municipal. Il quitte cet emploi après quelques années seulement.
 

Comme il ne peut rester inactif très longtemps, l’art dramatique le rappelle,  et il se tourne alors vers la radio, comme beaucoup de ses contemporains.  Il se crée immédiatement une place de choix.  Il prend part aux programmes les plus suivis: Lux Français, Concert-Music- Hall Kraft, Les amours de Ti-Jos, Un homme et son péché et bien d'autres.  Les nommer serait écrire un  palmarès des plus belles émissions de radio de l’époque.
 

En 1942,  pour la première fois dans son histoire, le monde du théâtre canadien-français célèbre le cinquantième anniversaire de vie artistique d’un acteur né au pays et qui a poursuivi, chez-nous, une brillante carrière.
 

Mardi 26 décembre 1944, Elzéar Hamel meurt à l'hôpital Sainte-Jeanne d’Arc.  Il était âgé de 75 ans.  Sa réputation s’étendait jusqu’aux États-Unis et en France.  Il fut le premier acteur canadien à jouer avec des artistes français, et cela au tout début des troupes parisiennes à Montréal.

En 1970, Marcel Provost, directeur des programmes à CKVL de l’époque, a la bonne idée de consacrer à Elzéar Hamel, pour le centenaire de sa naissance, une émission spéciale d'une durée d'une heure.  Hamel a été le Beau Brummel et le don Juan de la Belle Époque du théâtre.

 

Discographie partielle:

Le Perroquet,  Au re de la grand-messe / Columbia / E7206 / 1921
Le nègre défunt / His Master’s Voice Victor / 263186

LaDébauche chez le guerisseux, LaDébauche déménage / Columbia / E4339

Sources:

1920 Le Passe-Temps, 7 février
1942 Radiomonde, 27 juin, P. 3
1943 Radiomonde ,28 août, P. 3, Léopold Houle
1944 Radiomonde, 30 décembre, P. 3, Ernest Pallascio-Morin
1970 Photo-Journal - tout par l'image, 3 mai, P. 10