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Jacques Normand (Raymond Pascal Chouinard) (1922-1998)

 

L’un des animateurs les plus populaires de l’histoire du Québec voit le jour à Charlesbourg le 15 avril 1922 sous

le nom de Raymond Pascal Chouinard.  C’est le  treizième de 21 enfants. Le jeune Normand arrive par accident,

c'est le cas de le dire!, dans l’univers de la chanson.

Raymond se destine à une carrière sportive, mais un mauvais plongeon lui inflige une sérieuse blessure à la nuque. 

Le neurochirurgien Wilder Penfield, exige une convalescence au lit durant plusieurs mois.  Il passe des heures à

écouter la radio, notamment Roger Baulu.  Son choix est fait il deviendra animateur!

Sa carrière radiophonique débute en 1941, à CHRC Québec, faisant preuve d’une certaine audace, il se fait congédier pour avoir interrompu la diffusion d'un discours du Général de Gaulle.  Malgré cette gaffe, il décroche un emploi d'animateur-chanteur à CKCV quelques jours plus tard.  Sous les conseils de l’animateur Saint-Georges Côté, il adopte le pseudonyme Jacques Normand.  Toutefois, c’est la station de radio CBV qui lui confie une première émission à caractère vraiment musical: Ici on chante, qui sera diffusée à travers tout le réseau de Radio-Canada.  Il chante également à une émission matinale animée par le jeune annonceur René Lévesque.  Il couvre, comme reporter, la rencontre historique à Québec entre Churchill, Roosevelt et Mackenzie King.  Il y travaille avec son idole Roger Baulu, qui deviendra un grand complice toute sa vie. 

Chanteur, animateur, fantaisiste, il a tous les talents, ce qui de lui vaut une excellente réputation, tant dans les différentes stations radiophoniques ou dans les boîtes de nuit. Il devient l’un des piliers des Nuits de Montréal, à la barre du premier cabaret francophone de la ville:  Au Faisan Doré.   

Avec la chanteuse Lise Roy (qu'il épousera en 1945), il est la vedette d'un radio roman de Radio-Canada Mariages de guerre (1943).  Il part pour New-York en 1944, où il tiendra l'affiche plusieurs mois, interprétant des chansons de Maurice Chevalier.  À l'automne 1946, il devient l'animateur principal d'une émission radio de CKVL (Montréal) qui deviendra très populaire: La parade de la chansonnette française. Cette émission, d'une durée de huit heures ou se succède différent animateur de la station. C’est l’émission phare de la station.  Par la suite, il anime une nouvelle émission à CKVL, Le fantôme au clavier (1947-1950), avec Gilles Pellerin et Billy Munro, qui connut un grand succès.  Gilles Pellerin est un autre de ses complices sur qui il peut compter; au cabaret c’est son faire-valoir.  

Il  enregistre ses premiers disques chez RCA Victor en 1948, où il reprend des succès français de Trenet et Chevalier.  Toujours en 1948, il anime avec Lise Roy, l'émission Y'a du soleil sur les ondes de CKAC.  Les commanditaires, les fabricants de la gomme à mâcher Wrigley, les invitent à faire une émission de radio à Chicago le 23 décembre 1948 puis à participer, le jour de Noël, à une émission radiodiffusée dans toute l'Amérique et comprenant plusieurs célébrités, dont Bing Crosby, George Burns, The Andrews Sisters, Gene Autry et Lionel Barrymore.  Cet événement est souligné avec éclat par une visite chez le maire de Montréal Camillien Houde.

Dans les années 1950, il devient directeur artistique et animateur des cabarets Le Continental, Les Trois Castors et Saint-Germain-des-Prés, faisant souvent équipe avec son ami Gilles Pellerin. 

En septembre 1956, Jacques Normand connaît un important succès avec la revue La ville détrack, en compagnie de la troupe du Rirathon de Marcel Gamache.  Après un départ fracassant de l'émission Porte ouverte (Radio-Canada), qu'il animait avec Gilles Pellerin, il présente la revue Porte fermée au Cabaret aux Trois Castors pendant plusieurs semaines.   A propos de cette période au Trois-Castor;  Jacques Normand est reconnu comme étant, probablement, l’être le plus imprévisible de la colonie artistique qui soit. 

Un samedi soir, où il travaille aux Trois Castors, Normand ne se présente pas.  On le cherche partout, on téléphone.  On espère un coup de fil qui ne vient pas. Naturellement, on craint un accident, on retarde le spectacle bref on est en mode panique.  Le spectacle démarre, les comédiens sont nerveux et les 500 clients aussi mais tout s'est bien déroulé malgré tout.  Plus tard, bien après le spectacle, on apprend que M. Normand était bien installé dans un hôtel des Laurentides, en vacances.  Pour les propriétaires des Trois-Castors s’en était trop.  Habituellement, Normand s’en sortait toujours avec une lettre d’excuse écrite sous un ton humoristique. Mais pour les propriétaires du cabaret, s’en était trop, pas d’excuse qui tienne.  Jacques Normand est remercié.

En 1957, Jacques Normand accueillait Clémence Desrochers au Cabaret Saint-Germain-des-Prés.

Son passage à la télévision se fait tout naturellement en 1952, Café des artistes, Music-Hall, En habit du dimanche, Têtes d’affiche.  Puis le 8 février 1961, c’est la première de l’émission Les Couche-tard avec Roger Baulu, ils forment un duo inoubliable.  Au début, l’émission est diffusée le mercredi soir à 11h30 puis programmée le samedi soir après La soirée du Hockey.  Alliant talk-show, humour et variétés, c'est l'une des émissions les plus populaires de la programmation de Radio-Canada pour la décennie des années 1960.  Dans les années 1970, suivent Le Rideau s’ouvre, Pierre, Jean, Jacques, À ta santé et C’était l’bon temps, le tout, sans jamais délaisser la radio.

Jacques Normand est, aujourd’hui encore, le père de nos humoristes et de nos improvisateurs.  Il n’avait jamais de textes, mis a part, peut-être, à l’époque des radio- romans

Jacques Normand s’éteint en 1998 des suites d’un cancer de la gorge.  Il avait 76 ans.

Discographie partielle:

Jacques Normand à Québec / Apex / ALF 1527 / 1961

Sources:

1957 Radiomonde, 16 mars, P. 3, André Ruffiange
1998 La Presse, 8 juillet, P. A1. A2, Sonia Safrati
1998 Le Devoir, 8 juillet, P. A8, P.C.

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APEX  ALF 1527

- Jacques Normand
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Extrait de l'émission le Café des Artistes avec Jacques Normand, Paul Berval et Gilles Pellerin

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