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Jean Duceppe (1923-1990)

Né à Montréal, le 25 octobre 1923, dans une famille de commerçants, Jean Duceppe est le cadet d'une famille de dix-huit

enfants.  Jean est né et a passé son enfance dans le faubourg Québec, à Montréal.  Orphelin de mère à l’âge de trois ans,

il voit sa famille se démembrer huit ans plus tard, à la mort du père.  Quand la grande sœur se marie, elle emmène Jean,

le plus jeune.  Elle eut neuf enfants, qui, bien que neveux de Jean Duceppe, deviennent ses vrais frères. 

 

Mais une sœur, si bonne soit-elle, si dévouée soit- elle, n’est pas une mère.  Bien sûr, il ne manquait de rien à la maison,

mais comme ses besoins étaient avant tout d’ordre affectif, son trop-plein d’affection ne trouve aucun réservoir maternel dans lequel se déverser.  Aussi, à vingt-deux ans, quand il fait la connaissance d’Hélène Rowley, qui devine ce besoin profond, qui le soigne avec toutes les attentions, Jean Duceppe ne s’y trompe pas et sait qu’il a trouvé la femme qu’il lui fallait.  Moins d'un an plus tard, il était marié. 

 

Il étudie à l’école Chomedey-de-Maisonneuve dans le quartier Hochelaga, puis chez les pères Sainte-Croix à Saint-Laurent.
 

Il figure parmi les comédiens qui ont le plus marqué le théâtre québécois.  Il est devenu acteur par hasard.  Alors qu’il est livreur de glace pour l'entreprise familiale Duceppe et Frères, un jour, on lui demande de donner la réplique à des élèves du cours dispensé chez Mme Sita Riddez.  Il étudie l’art dramatique avec Janine Sutto.  À ses débuts au théâtre, il envoyait tous ses cachets à la maison et ne vivait que de la vente des programmes avant les représentations. Le matin, de sept heures à onze heures, il vendait de la glace dans les rues de Montréal. 

 

Il obtient son vrai premier rôle professionnel, en 1942, lorsqu'on lui demande de remplacer un comédien malade au théâtre L’Arcade, théâtre de la rue Alexandre de Sève, où l’on y joue du boulevard français.  Dans les années 1940, l’Arcade était la seule compagnie professionnelle de Montréal.  L’Arcade, c'était le théâtre en ville.   Il demeure quatre saisons avec le théâtre L'Arcade.  À ses débuts sur scène, il joue dans « La passion du fils de l’homme », qui tiendra l’affiche pendant dix ans.  En 1941, il prend part aux tournées de la troupe d’Henri Deyglun.  Pendant trois ans, il partage son temps entre le théâtre et la radio l’hiver, et la tournée l’été.  De 1941 à 1947,  le jeune Jean Duceppe joue dans 34 pièces avec la troupe du Théâtre Arcade qui propose jusqu'à 14 représentations par semaine.

 

En 1951, Duceppe est un des jeunes premiers les plus occupés à la scène et à la radio, il ne s'accorde aucun répit.  À peine la saison régulière terminée qu'il s’engage à donner du théâtre léger aux Montréalais durant la période estivale.  Il signe un contrat de trois mois avec la direction du théâtre Canadien. De la fin de mai jusqu'au mois de septembre, il présente de la comédie.  En plus de jouer dans les pièces, il assure la mise en scène. 

 

L'année 1952 marque les débuts de la télévision.  À partir de ce moment les rôles s'enchaînent, Stan Labrie dans le célèbre téléroman La Famille Plouffe.  Joie de vivre, Rue de l’anse, De 9 à 5, Terre humaine et Rue des pignons, dans lequel il incarne Emery Lafeuille, personnage qu’il affectionne particulièrement.  "Sous ses airs de vieux snoro un peu bougon, se cache un homme honnête, timide, fonceur et foncièrement bon.  Ça me ressemble en maudit."

Au début de l’année 1956 une nouvelle compagnie de théâtre fait ses débuts, prometteur, au Monument National. "Le Théâtre Populaire de Montréal’ compagnie fondée par Jean Duceppe, Émile Genest et Pierre Valcourt.  Mettant en commun leur expérience, leur talent et leur argent, ils fondent cette compagnie de théâtre.  Leur objectif ?: "Les pièces seront du répertoire populaire, c'est-à-dire qu'elles conviendront à tous les publics. Nous laissons à d'autres les expériences d'avant-garde et de théâtre d’art.".

 

En 1962, Jean Duceppe est un bourreau de travail.  Comédien au théâtre et à la télé, animateur de trois émissions de radio, une pour la station CKVL et deux à CKAC, président de l’union des artistes.  Du pep avec Duceppe,  c’est le titre de ses émissions.  Il raconte les blagues que lui envoie le public.   Il donne même des conférences.  Au mois d'août de cette année-là, Duceppe est furieux contre la maison de disques Apex.  Apex a mis sur le marché, sans sa permission, un microsillon de lui enregistré pendant un spectacle privé, enregistré au cabaret Casablanca, au cours duquel il raconte des histoires…pour grandes personnes. "Ce sont des histoires de Jean Rigaux ( comique français) que j’ai traitées à la canadienne.  Cela peut être drôle dans une réunion d’amis, mais pas sur un disque avec mon nom dessus.” Il poursuit Apex pour une somme symbolique de un dollar et exige d’eux que tous les disques, environ 2000, soient retirés du marché.  Il réalise l'erreur qu'il a commise en se laissant enregistrer et tout le tort que cela peut causer à sa réputation.  "Après l'avoir enregistré, je n'en étais pas du tout satisfait, car j'ai travaillé beaucoup plus en fonction du public de cabaret que du public du disque. J'ai demandé à Yvan Dufresne de ne pas sortir le disque, mais il l'a fait contre mon gré".  La partie n'a pas été dure puisque les dirigeants de la maison Apex se sont montrés très compréhensifs et ont immédiatement consenti à rayer le microsillon de Jean Duceppe de leur catalogue.  Ils ont répondu aux avocats de l'artiste qu'ils accèdent à sa demande.  La compagnie a demandé à tous les marchands de musique de retourner Ie microsillon de Jean Duceppe. Ce ne fut pas plus compliqué que cela.  

 

Mais comme tout ceci n’était pas assez et que nous sommes en 1962, un éminent membre du clergé montréalais a qualifié de "dégoûtant et de dépravant" les propos que tient Jean Duceppe sur le dos des prêtres, sur son disque.  Le fougueux animateur raconte deux histoires, disons ... salées, où Il y est question, notamment, d'un prédicateur ivre qui utilise, pour expliquer la Bible, des mots . . . pas très catholiques.

 

"Je suis horrifié", a-t-il dit, "et tous les prêtres le seront aussi, lorsqu'ils auront entendu le disque, chose que je ne leur recommande sûrement pas." Le clergé tentera-t-il de faire interdire le disque. "Je ne peux prendre sur moi de répondre à cette question, mais, s'il arrivait au Cardinal de l'entendre, j'ai l'impression qu'il réagirait violemment."   Le chanoine Laurent Cadieux, économe du Palais cardinalice, a déclaré qu'il n'était pas au courant de cette affaire et que le cardinal, alors absent du Palais, ne devait pas l'être non plus.  Avec le retrait du disque des comptoirs, tout est rentré dans l’ordre pour Jean Duceppe.

 

Une autre controverse frappe M. Duceppe en 1962.  Accompagné de M. Jean-Pierre Comeau, réalisateur au poste CKAC, Jean Duceppe est à la salle St-Édouard où l’on procède à l’enregistrement de l’émission On chante au Québec quand on le demande au téléphone.  Il est environ 8h, Jean Duceppe venait tout juste de quitter les studios de Radio-Canada où il avait participé à l’émission Ce soir août jamais.  Il avait, entre autres, interviewé un représentant des Teamsters sur les problèmes du taxi à Montréal.  Le tout ne s’était pas déroulé dans la meilleure entente.  La personne au bout de la ligne dit s'appeler M. Lafrance et être représentant de Teamsters.  Le M. Lafrance en question lui ordonne de se rendre au restaurant le 400 à 11h sinon il pourrait y avoir des conséquences pour lui et sa famille.  La réputation des Teamsters à l’époque, méritée ou non, n’est pas très reluisante.  

 

À partir de ce moment tout déboule.  Aussi, M. Duceppe n’hésite-t-il pas un instant, il téléphone au père Aquin, au président de l’exécutif, M. Saulnier, et même à l’ex-maire de Montréal, le sénateur Sarto Fournier qui, dit-on, aurait certains contacts avec les Teamsters.  Avec comme résultat que MM. Saulnier et Fournier alertent la police.  La maison de M. Duceppe, la caravane du bon dieu en taxi (Le père Aquin), et le restaurant Le 400 sont immédiatement sous la surveillance de la police.  Juste au restaurant Le 400 il y en a 40.  M. Duceppe se rend au rendez-vous,  pour sa part le Père Aquin téléphone à M.Lafrance.  L’individu réitère les menace.  C’est à ce moment-là qu'en rentrant au restaurant, M. Duceppe retrouve ses collègues de Radio-Canada qui tentent de le réconforter.  On tente à nouveau de rejoindre Lafrance et on se retrouve dans un restaurant voisin de Radio-Canada.  Tout ça n’est qu’un canular organisé par Pierre Chouinard et autres collègues de Radio-Canada.  Les Teamsters n’y sont pour rien évidemment.  Jean Duceppe en est quitte pour une nuit blanche et un choc nerveux, sa femme sous les soins d’un médecin et ses enfants sont ébranlés.  Suite à cette histoire, Jean Duceppe remet le tout dans les mains de ses avocats et demande des excuses  de Radio-Canada sinon il démissionne.  On continue de voir Jean Duceppe dans des téléromans mais il décide de ne plus animer d’émission. 

 

Il est de tous les combats.  Il obtient que le mouton du défilé de la Saint-Jean-Baptiste disparaisse.   En février 1963 , lors d'une rencontre ou les membres de la consultation des célébrations nationales de la Société St-Jean-Baptiste de Montréal que le tout est décidé.  Ce soir-là fut un moment historique, une tradition fut allègrement sacrifiée.  Jean Duceppe réclame la tête du mouton: il l'obtient. 

Cette même année il fonde un des premier théâtre d’été, le Théâtre des Prairies à Joliette, qui connaîtra 21 saisons estivales.  

 

L’année suivante, Jean Duceppe est nommé directeur de la promotion et des relations extérieures de CKAC.  A la suite de quoi, il fait parvenir une lettre aux autorités de Radio-Canada leur annonçant que, dans l’avenir, il serait dans l’impossibilité d’accepter un programme ou un rôle à la télévision.  Ce n’est pas la première fois que Duceppe fait des déclarations, mais cette fois c’est sérieux.  Duceppe a dit adieu à la télévision pour se consacrer exclusivement à CKAC, à la Saint-Jean-Baptiste et à Molson (comme représentant et agent de liaisons artistiques). 

En 1973, il fonde une compagnie théâtrale qui porte son nom, la Compagnie Jean-Duceppe, dont les activités lui survivront.  Installé à la Place des Arts de Montréal, Duceppe connaît plusieurs succès avec sa troupe, notamment dans "La Mort d'un commis voyageur" d'Arthur Miller, où il incarne le personnage principal, Willy Loman, et dans "Charbonneau et le chef" de John Thomas McDonough où il interprète le personnage de l'ex-premier ministre du Québec, Maurice Duplessis.

 

Essentiellement homme de théâtre et de télévision, Duceppe a été moins sollicité par le cinéma.  En 1971, il tient le rôle-titre dans "Mon oncle Antoine" de Claude Jutra, œuvre qui remporte un grand succès et qui est considérée comme l'un des films les plus marquants du Québec.  Il tourne aussi dans le drame historique "Quelques arpents de neige" sous la direction de Denis Héroux et dans les films "Les Colombes" et "Bingo" de Jean-Claude Lord.

 

En 1976, il est victime d’un malaise à sa sortie de scène. Transporté d’urgence à l’hôpital, il est alors victime d’une crise cardiaque. 

Craignant de ne plus pouvoir remonter sur scène, sa convalescence est perturbée par des fréquentes crises d’angoisse.  En 1978 Il est de nouveau victime d’un malaise cardiaque. Il attribue ce nouvel épisode au fait qu’il a repris trop rapidement le travail. 

 

Il est très impliqué au niveau politique et social.  Il collabore, en 1954, à la campagne électorale du maire de Montréal, Jean Drapeau, et est un des membres fondateurs du Nouveau Parti Démocratique du Canada (NPD) en 1961.  Devenu souverainiste, il appuie le Parti Québécois lors des élections de 1976 et participe activement à la campagne référendaire québécoise de 1980.  Duceppe effectue une de ses dernières apparitions publiques le 25 juin 1990 alors qu'il prononce le discours patriotique lors du spectacle de la Saint-Jean.  Durant vingt-cinq ans, il est présent à la radio, principalement à titre d'animateur d'émissions matinales, dans quatre stations, où il ne craint pas la polémique : il est congédié à quatorze reprises.  Il préside l'Union des Artistes de 1957 à 1959, durant la grève des réalisateurs de Radio-Canada. C’est sous son règne que l’Union s’est désaffiliée de l’AFRA, l’Union américaine.
 

Il est le père de l'homme politique Gilles Duceppe; sa fille Monique Duceppe est metteur en scène de théâtre.  Sa fille Louise Duceppe est directrice générale de la compagnie.

 

Au printemps 1989, dans Bonjour Broadway de Neil Simon, il monte sur scène pour la dernière fois.

 

Il meurt à Montréal le 7 décembre 1990 à l'âge de 67 ans des complications dues au diabète. 

En 1991, Le Théâtre Port-Royal de la Palace des Arts change de nom et devient le Théâtre Jean Duceppe.
 

Liste sommaire des artistes avec qui il a travaillé dans des émissions et films, qui sont nommés sur ce site:

 

Béliveau, Juliette: (1952)  Le film "Ti-coq";  (1953-1959) "La famille Plouffe";  (1966-1977) "Rue des Pignons"; (1963-1965) "Rue de l'Anse"; (1961-1962) La pièce de théâtre "Constance"; (1961) "N’écoutez pas, mesdames!"; (dec 1961-janv 1962) "Un p'tit coup d'rouge" au Rideau Vert.

Paul Berval: (1972)  Le film "Les colombes" de Jean-Claude Lord.

Daigneault, Pierre: (1963-1965) "Rue de l’Anse"; (1980) "Cordélia".

Desrochers, Clémence:  (1953-1959) "La famille Plouffe".

Desrosiers, Jacques: (1966) Le film "Yul 871" de Jacques Godbout; (1972) 

Le Film "Quelques arpents de neige" de Denis Héroux.

Ducharme, Yvan: (1978-1984 )Téléroman "Terre Humaine": (1972) Le Film " Quelques arpents de neige" de Denis Héroux.

Gélinas, Gratien: (1952)  Le film "Ti-coq"; (1953) le téléroman "La famille Plouffe"; (1980) dans le film "Cordelia".

La Poune (Ouellette, Rose):  (1966-1977) "Rue des Pignons".

Latulippe, Gilles: (1966-1977) "Rue des Pignons".

Le Père Gédéon: (1953) série télé "La famille Plouffe"; (1980) le film "Cordelia"; (1962-1963) "Le petit monde du Père Gédéon".

Légaré, Ovila:  (1955-1956) "Je me souviens".

Les Jérolas/ Jean Lapointe / Jérome Lemay: (1966) le Film "Yul 871" Jacques Godbout.

Lévesque, Raymond: (1959-1963) "Joie de vivre";  (1963-1966) "De 9 à 5".

Michel. Dominique: (1962-1963) "Le petit monde du Père Gédéon".

Jean-Guy Moreau: (1972)  Le film "Les colombes" de Jean-Claude Lord.

Serge Thériault: (1974) Le film "Les beaux dimanches"  de Richard Martin , Scénario Marcel Dubé; (1980)  le Film "Cordelia".

Sol (Favreau, Marc): (1972-1975) télé série "Les Forges de Saint-Maurice".

Réal Béland: (1972)  Le film "Les colombes" de Jean-Claude Lord


Discographie partielle:

 

C’est pas sérieux / Apex / ALF 1543 / 1962

 

Sources:

 

1951 Le Samedi, 12 mai, P. 31, Cherubina Scarpaleggia

1951 Radiomonde, 24 mars, P. 10, Marcel Larmec

1951 Radiomonde, 24 février, P. 6, La petite du populo

1956 Radiomonde et télémonde, 4 février, P. 2, Le Baluchon de Bob

1959 Le Soleil, 3 octobre, P. 34, Jean Bouthillette 

1960 Radiomonde, 11 juin, P. 12, Nicole Charest

1962 La Presse, 23 août, P. 8, C.G.

1962 Télé-Radiomonde, 1er septembre, P. 12, Jacque duval

1962 Télé-Radiomonde, 8 septembre P. 12 Jacque duval/ P. 3 André Ruffiange

1962 La Presse,11 octobre, P. 9. 10, Jacques Guai

1963 Télé-Radiomonde, 16 février, P. 13, J.B.

1964 Télé-Radiomonde, 14 mars, P. 3

1990 Le Soleil, 8 décembre, P. E15, P.C.

1990 Le Devoir, 8 décembre, P. 1 , Robert Lévesque 

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Apex  ALF 1543     1962

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Histoires de curés - Jean Duceppe
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Jean Duceppe animateur radio à la station CKAC

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