Les Carcasses (1971-1983)

Denis Blaquière

Richard Duchesne

Gaétan Loiselle

Claude Paré

Les Carcasses: ont pour philosophie “Le public est assez intelligent pour découvrir quand il doit rire”.

Groupe humoristique québécois formé de Denis Blaquière, Richard Duchesne, Gaétan Loiselle et Claude Paré. 

Le groupe est originaire de la région de Belœil, ville dans laquelle est née une compagnie de théâtre amateur du nom de

"Les Carcans", qui est longtemps demeurée la plus ancienne troupe de théâtre amateur du Québec.  Les Carcasses sont apparus dans les mêmes années.

Leur aventure commence en 1971 à Beloeil.  Les Carcasses étaient treize à ce moment-là.  Les premiers membres étaient: Denis Blaquière, Gaëtan Loiselle, Jean-Marc Bouchard, Gilles Marcil, Mario Loiselle, Jean Fortin, Raynald Gosselin, Martin Morency, tous étudiants à Beloeil. Le nom du groupe est choisi pour parodier Les Carcans.  Ils débutent en tant que groupe humoristique amateur.  “Les plus fous, les plus rigolos d'un groupe de jeunes qui ne cherchaient qu'à s'amuser et qu'à se faire du fun et à en faire aux autres". 

Puis, certains commencent à se désintéresser de l’aventure, et il ne reste qu’un petit noyau formé de Denis Blaquière, Richard Duchesne, Gaétan Loiselle et Claude Paré qui voulait poursuivre.  On dira, à cette époque, que Les Cyniques ont fait des petits.  Mais quand on les regarde avec un peu plus d’attention, on se rend compte que Les Carcasses sont d’une autre génération, une autre culture: celle de l’image et de l’électronique ayant le goût du rire, de l'humour féroce, absurde.

Le premier spectacle des Carcasses fut donné à la polyvalente Beloeil en 1971 et était une parodie de l'émission Voyage au fond des mers.  Suivirent plusieurs spectacles au centre culturel de Beloeil qui connurent un grand succès auprès des jeunes de la région.  Ils ont aussi animé au Café St-Mathieu dans le vieux Beloeil un défilé de mode rétro avec des présentations aussi colorées que les collections (Et voici Maude, dans son charmant ensemble style Charleston, dont le jaune...).

En 1972, ils sont au Kiosque international de Terre des Hommes.  En 1973, ils sont un mois au Patriote à Clémence et font une tournée des cégeps, des polyvalentes, des universités.

En janvier 1974, quatre membres des Carcasses décident de se consacrer à temps plein à l’humour.  Les étudiants les apprécient, rient de bon cœur.  Mais, il leur manque une direction expérimentée, de la publicité et de l'argent, et un public diversifié constitué de jeunes et de moins jeunes.

En décembre 1975, CKAC s'intéresse à eux.  Une collaboration avec  CKAC et le Réseau Télémédia fait en sorte qu’on entend Les Carcasses à l’émission Le Festival de L’humour et certains de leurs sketchs à l’émission du matin de Jacques Proulx.

Au mois de juillet 1977, Les Carcasses se produisent sur la scène de l'Hôtel Nelson.  Sur un écran vivent 39 personnages tandis que 28 autres s’animent sur scène.  On encense leur travail, La mise en scène est un petit bijou de synchronisation et de précision.

Un disque, produit en 1977, n’a malheureusement pas  obtenu le succès escompté, leur gérant ayant préféré décorer sa maison au lieu de faire la promotion du disque.  Les Carcasses ont encore une fois innové, car ce disque humoristique a été le premier au Québec à être enregistré entièrement en studio.  L'utilisation d'effets sonores originaux ainsi que l'utilisation maximale de la stéréophonie font de ce disque une référence au Québec.  Paul et Paul et, dans une moindre mesure, Rock et Belles Oreilles ont été fortement influencés par ce nouveau concept d’enregistrement.

On retrouve sur ce disque d'excellents sketches comme : Note d'intro, Visitons nos campagnes, Ligne Ouverte, Les Olympiades Mondiales du Quiz, Tranquillex, L'arrestation, Mets ton piano, L'annonce de M.Lemaire, Les Monastères du Monde, Jésus Christ Super Store, Tranquillexo, Les Recettes de Mad Dog, CXIT-FM, Kawasakri 2000 et Mapospreadomania.

En produisant leur premier disque entièrement en studio, Les Carcasses ont révolutionné le disque humoristique au Québec.  Ils sont les premiers humoristes à utiliser pleinement toutes les possibilités techniques qu'offre l’enregistrement en studio. La création d’atmosphère par les effets sonores est tellement parfaite qu’on a qu'à fermer les yeux pour ”voir” toutes les péripéties folles du disque.  En plus le matériel élaboré sur le disque est complètement différent de celui du spectacle, le consommateur en a vraiment pour son argent.

Les Carcasses ne font rien comme les autres, le lancement de ce disque est on ne peut plus original.  Nos quatre compères sont habillés d’un smoking blanc avec sur la tête un casque de sécurité blancs.  Le présentateur de la soirée est nul autre que Mad Dog Vachon.

Les stations radiophoniques FM de Montréal, telles que CHOM-FM et CKOI-FM, ont dit de ce disque qu'il était un chef-d'œuvre technique.

Ils furent à l'origine d'une série radiophonique populaire, intitulée L'Histoire de la Radio diffusée en 1977 sur les ondes de CKOI-FM.  Cette série de 13 émissions relatait ce qu'aurait pu être la radio à diverses époques : La Radio Préhistorique (Sais-tu combien de temps ça vit un dinosaure italien?), La Radio Biblique, La Radio Romaine, La Radio Médiévale, La Radio du XlXe siècle, La Radio Guerre, La Radio Internationale, La Radio Moderne, La Radio Au Boutte (au boutte du monde), La Radio Pôle (Pôle Nord), GNID (la radio de l'invention).  Le succès de cette série a donné naissance à un spectacle appelé Histoire de rire, dont les intermèdes étaient agrémentés des recettes Kraft (parodie des annonces de la marque bien connue).  On a pu y voir de visu le Marquis de Sade animer une ligne ouverte.

Le groupe a aussi créé une émission pour l'ouverture de la chaîne de télévision payante Premier Choix en 1983, laquelle portait le nom de FLLRRRT!  Les critiques n’ont pas été spécialement tendres à leur égard se demandant si l’humour des Carcasses n’allait pas trop loin pour le Québec. “C’est parfois très drôle et c’est souvent très amateur.  D’ailleurs, le comique des Carcasses est extrêmement violent, un peu sexiste sur les bords, mais cela fait partie du genre bête et méchant.  Ce genre d’humour, qui tente de vous attraper là où je pense, n’est pas du meilleur leur goût”.

Ils furent également actifs au niveau des spectacles sur scène, créant leurs propres films, costumes, décors et effets spéciaux; encore une fois dans un style déjanté qui fait de ce groupe le précurseur de l'humour absurde suivi ensuite par Paul et Paul et, dans une moindre mesure, Rock et Belles Oreilles.  Les Carcasses ont été les premiers au Québec à utiliser le film et les effets spéciaux dans leurs spectacles, ces films servaient principalement de liens entre leurs sketchs.

On a ainsi pu entre autres voir la partie de hockey décrite par des commentateurs néophytes français (l'équipe zébrée a gagné la partie…), le Null-O-Matic de B-Bell, le réveil fringant d'un maître d'applaudissements (Es-tu prêt pour dans 42 secondes?), la famille Boulevard, le premier coup au téléphone de l'humanité, l'interview de Robin des Bois dans la forêt de Sherwood, et les inénarrables Olympiques Kamikazes où même l'illustre Christian Longpré (à ne pas confondre avec le sublime, le fantastique, le mirifique, le spectaculaire et super-phénoménal Yves Christian) a fait ses armes comme figurant.  En 1977, le spectacle des Carcasses fut choisi Le meilleur spectacle de l'année à l'émission Bon Dimanche à TVA.

La critique de l’époque qualifie les Carcasses “de Monty Python Québécois”.
D’ailleurs cet humour absurde avait même attiré l’attention d’un des gérants de Monty Python.

Le but des Carcasses est simple: remplir le vide laissé par le départ des regrettés Cyniques.  D’ailleurs, c’est la conclusion que portent la plupart des critiques qui ont vu les Carcasses, tout en précisant cependant le caractère original de leur style. “ Leurs prédécesseurs (Les Cyniques) étaient uniquement des satiristes, eux(Les Carcasses) sont en plus des clowns” Yves Leclerc de La Presse dans un article intitulé "Les Cyniques ont fait des petits"...

La lancée des Carcasses se termine brutalement quand Gaétan Loiselle perd la vie dans un accident d’auto au début des années 1980.

Discographie partielle:

Les Carcasses / Deeam / XDEF149 / 1977

Sources:

1972 La Presse, 7 septembre, P. C7, Yves Leclerc
1974 L'Oeil régional, 4 septembre, P. 24
1974 Photo-Journal - tout par l'image, 16 novembre, P. 37, Claire Harting
1975 Télé Radiomonde, 13 décembre, P. 25
1977 Montréal-Matin,18 juillet ,P. 27, Gilbert Moore
1977 Télé Radiomonde, 4 décembre, P. 23, Réjean Dupuis
1978 Le Courrier de St-Hyacinthe, 19 avril, P. C7
1983 Le Devoir, 11 février, P. 19, Jean Basile
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