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Clémence DesRochers (1933-    )

"Quand je veux noyer mon chagrin - Je vais me perdre chez Eaton - On voit jamais pleurer personne sur le comptoir des

magasins".Clémence Desrochers

Née le 23 novembre 1933 à Sherbrooke, dans cette ville de «factries» qui lui aura inspiré de très beaux textes,

notamment la chanson «La vie d'factrie», fille du poète Alfred DesRochers, Clémence DesRochers est une artiste

touche-à-tout qui ne cesse de surprendre.  À l'école, Clémence fait le désespoir de ses éducatrices.  Aucune d’entre

elles n’arrivent à comprendre comment la jeune fille peut être aussi rebelle à toute discipline et que son sens de l’humour, et du ridicule, viennent à chaque fois, à son secours.  Clémence c’est, celle qui fait rire les autres, qui imite les professeurs; bref, c’est le mouton noir de la classe.  "Mes matières fortes, dit-elle, c’était la récréation et le football!“

Comme toutes les jeunes filles de bonnes familles, elle fréquente le couvent, source d’inspiration pour un de ses monologues.  Pendant ses études, elle travaille le dessin et la caricature.  C’est plus fort qu’elle, tout ce qu’elle dessine doit avoir une figure comique, drôle, qui appelle le rire. Toutefois, son plus grand succès, en classe, c’est le jour où elle expose, parmi d'autres dessins d’élèves, un dessin d’une carotte qui, a bien l’air d’une carotte.

À dix-sept ans, elle débarque à Montréal, entre au Conservatoire d'art dramatique et, pendant deux ans, elle étudie avec Jean Doat et, pendant l’été, elle joue certains rôles dans la troupe La Roulotte de Paul Buissonneau, et prend plaisir à donner des spectacles pour enfants.

 

Elle fait son cours normal et devient institutrice.  De son humble avis, une bien mauvaise institutrice.  À dix-neuf ans, elle enseigne à trente-cinq petits garçons.  Son manque d’autorité l’incite à demander son remplacement pour une classe de petites filles.  Elle donne sa démission après un an et demi. 

Actrice, scénariste, monologuiste, humoriste, chanteuse, écrivaine, elle touche même au mime au début de sa carrière lorsqu'elle étudie au Conservatoire d'art dramatique de Montréal.  En plus d’apprendre l’art du mime, elle y apprend la diction, la pose de voix, l’art dramatique, l’histoire du théâtre, etc.  Elle devient le cas spécial de certains de ses professeurs.  C’est ainsi que Clémence sort du Conservatoire « parmi les et cetera » en d’autres mots sans aucune mention. 

La jeune Clémence à un regard à quoi rien n’échappe.  Elle voit tout, entend tout, elle trouve le moyen de juger et jauger le ridicule et d’en extraire la substance.  C’est de cette façon que naît son premier monologue "Ce que toute débutante doit savoir" où comment elle a réussi à entrer à Radio-Canada et à y obtenir une audition.

C'est la série pour enfants Rodolphe, diffusée à Radio-Canada dès 1956, qui marque le début de sa vie professionnelle.

En décembre 1956, Radiomonde annonce la tenue d’un concours de sketches fantaisistes.  Avec son texte "Rue Pacifiques" (rue où elle est née) Clémence obtient le premier prix soit, un montant de cent dollars et la présentation de son sketche au théâtre en plein-air du Parc Lafontaine dans le cadre de la revue estivale de 1957.  Rue Pacifique repeint le quotidien de deux familles ouvrières comme Clémence, déjà, sait si bien le faire. 

C’est le 27 novembre 1957, Jacques Normand est le propriétaire du St-Germain-des-Prés et c’est là que Clémence aborde le public du cabaret et c'est là qu’elle trouve sa voix à tout jamais.  Auprès de Jacques Normand, elle se passionne pour le monologue.  Du jour au lendemain, Clémence devient une étoile du cabaret.  Elle défraie pendant des semaines les chroniques de tous les journaux consacrés aux artistes et aux spectacles.  Après huit semaines au St-Germain-des-Prés, c’est au Trois-Castor, au Quartier Latin et au Théâtre-Club qu’elle livre ses monologues et ses chansons.  De la "fille du poète Alfred Desrochers", elle devient  la "seule femme chansonnier au Canada", un titre qui lui plait énormément.

Elle débute vraiment à la télévision avec Le P’tit café puis c’est Porte Ouverte.  Puis elle devient l’éternelle remplaçante, Rolande et Robert, Chacun son métier, Les soirées de chez-nous; il manque un invité ou un animateur, on demande Clémence.

On peut la voir régulièrement dans la Boîte à surprise.  Plus tard, elle tient le rôle de Mlle Sainte-Bénite dans l’émission pour enfants Grujot et Délicat.

Plus tard, on la découvre dans le feuilleton à succès La famille Plouffe, le premier grand succès de la télévision québécoise, où elle incarne Agathe Plouffe, une des filles du Père Gédéon.

En 1959, c’est l'ouverture de la boîte à chansons Chez Bozo, qui devient le rendez-vous du milieu artistique de Montréal et des vedettes européennes de passage telles Edith Piaf, Yves Montand, Simone Signoret.  C’est la naissance des Bozos.  Presque tous inconnus à l'époque, ils ont pour noms: Claude Léveillé, Hervé Brousseau, Jean-Pierre Ferland, Raymond Lévesque, Jacques Blanchet, André Gagnon et Clémence.  Le nom Les Bozos s'inspire d’une chanson de Félix Leclerc.  De 1959 à 1962, la formation tient une place de choix sur la scène montréalaise.  Le groupe, dont chacun des membres savait garder sa propre originalité, est à l’origine des premières boîtes à chansons.

La même année, en 1959, elle reçoit le trophée Frigon de la découverte de l'année au Gala des Splendeurs.

En 1964, Clémence Desrochers ouvre une Boîte à chansons, boulevard Taschereau, dans le grand motel “La Barre 500” qui portera le nom, il va sans dire, de la Boîte à Clémence.  Malheureusement, l’expérience sera de courte durée.  La même année, à la Comédie Canadienne, on présente Le vol rose du Flamant première, comédie musicale canadienne française à Montréal.  Cette comédie musicale regroupe Olivier Guimond, Janine Sutto, Jacques Desrosiers, Jean-Pierre Masson, Jean Besré, Denise Filiatrault, etc.

"Ce n’est pas une pièce de théâtre, ce n’est pas une revue, ce n’est pas une comédie musicale, et, en fait, c’est les trois aussi. Disons que c’est un spectacle où l’imagination du metteur en scène, le talent des comédiens et la présence de la musique et des danses, sont aussi importants que le texte et son action" voilà comment Clémence décrit Le vol rose du Flamant.

Elle tient également la vedette du téléthéâtre, "Hymnée ou Une jeune fille à marier", au côté de Guy Hoffman, Denise Pelletier, Olivette Thibault, Roger Garand, Roger Joubert, etc.

Elle publie son premier livre en 1966: “Le monde sont drôle”.  Ce sont de courtes nouvelles - certaines datant de plusieurs années.  Le deuxième s’appelle “La ville depuis . .. ”.  C’est une longue nouvelle sous forme de lettres, qui raconte un chagrin d’amour.

À la question, de Lysianne Gagnon de La Presse: "Où vous situez-vous par rapport à Jacques Normand et aux Cyniques? Et aux “comiques” de cabaret ?" Clémence répond: "Normand et Les Cyniques suivent beaucoup l’actualité, la politique.  Moi, je fais plutôt de la peinture de moeurs, je raconte des situations où beaucoup de gens se retrouvent.".

Après plusieurs tentatives infructueuses, c’est maintenant chose faite.  Le 15 janvier 1967, tout est prêt et Clémence DesRochers ouvre sa propre boîte Place Jacques Cartier.  Elle y présente les revues "Sois-«toi-même"  et "Le monde sont drôle".  Elle s’assure de la collaboration de Yvon Deschamps et Gilbert Chénier.

C'est au Patriote qu'elle présente les quatre revues musicales: La Grosse tête (1968), avec Marc Favreau et Gilbert Chénier; Les Girls suivent en 1969 avec Louise Latraverse, Diane Dufresne, Paule Bayard et Chantal Renaud.  Par la suite, le spectacle est présenté dans d’autres salles, dont la Place des Arts, et part en tournée un peu partout au Québec.  La Belle amanchure (1971) avec Pierre Labelle, René Angelil et Françoise Lemieux; la quatrième comédie musicale s'intitule C'est pas une revue c't'un show et paraît en 1972.  En 1976, elle anime une émission quotidienne: Les trouvailles de Clémence.  Elle sera à la barre de cette émission pendant trois ans.  En 1999, Le Théâtre Eastman présente Les Girls à Clémence avec Andrée Lachapelle, Nathalie Gadouas, France Castel, Monique Richard et Sylvie Ferlatte.  C’est une version remaniée du grand succès de 1969, qui connaît à nouveau le succès puis est repris au Patriote sous le titre Les Girls reclémencent,  C’est en 1975, que Clémence DesRochers remporte son premier succès commercial avec la chanson Le monde aime mieux Mireille Mathieu.

Au cinéma Clémence a joué dans Tendre et sensuel Valérie (1969 film de Denis Héroux avec Danielle Ouimet), Y’a toujours moyen de moyenner (1973 film de Denis Héroux avec Jean-Guy Moreau et Dominique Michel),  La grande séduction (2004 film de Ken Scott au coté de Raymond Bouchard, Rita Lafontaine et David Boutin) et Le Secret de ma mère ( 2006 Film de Ghislaine Côté avec Ginette Reno et Céline Bonnier)

 

En 1981, elle remporte, au Gala de L’ADISQ, le Félix pour le spectacle de l’année/ humour et le Félix de la scripteur de l’année/ spectacles.

En 2005, elle reçoit le Prix Denise-Pelletier, la plus haute distinction accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine des arts de la scène.  Ce prix vient souligner l’importance de son œuvre si originale et l’amour que le public porte à cette artiste.

En 2009, elle reçoit le Prix du Gouverneur Général, le Prix Sylvain-Lelièvre pour ainsi, officiellement reconnaître Clémence DesRochers en tant que chansonnière parmi les chansonniers.  Pour l'ensemble de son œuvre, elle reçoit le prix Excellence du 20e gala annuel de la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SOCAN).  En 2010 elle reçoit l’Ordre du Canada.

L’œuvre de Clémence DesRochers passe à la postérité.  Le jour de son 77e anniversaire, 23 novembre 2011, Clémence assiste à une cérémonie soulignant le lancement d’un fonds d’archives regroupant 72 cahiers d'écriture, qui comprennent notamment des idées de poèmes, des réflexions et des croquis.  Les carnets ont été remis à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).

À la fin d’un spectacle en 2017, au Théâtre Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse, elle annonce qu’elle se retire de la vie publique, à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Le 25 avril de la même année, après soixante ans de carrière, elle fait ses adieux au public à Gatineau.

Lentement mais sûrement, elle s'est gagné de nouveaux admirateurs, conquis par son irrésistible façon de jouer avec les mots, les sentiments, les émotions.  Poète, fabuliste, dramaturge, auteure, interprète, comédienne, monologuiste, philosophe, animatrice, Clémence est tout ça à la fois, et bien plus encore.  En fait, il suffit de jeter un coup d'oeil sur sa carrière pour comprendre son importance dans notre histoire culturelle.  De façon toute personnelle, Clémence brosse constamment de magnifiques tableaux de la réalité québécoise.  Ils sont parfois crus, colorés ou dénudés, mais toujours très réalistes. Maniant les mots avec justesse et délicatesse, elle nous raconte des histoires tantôt drôles, tantôt attendrissantes, toutes criantes de vérité, où l'on retrouve immanquablement d’attachants personnages qui nous semblent étrangement familiers.

Alfred DesRochers au sujet de sa fille écrira: "Clémence est mon poème le mieux réussi"

Liste sommaire des artistes avec qui elle a travaillé dans des émissions et films, qui sont nommés sur ce site:

Béliveau, Juliette: (1953-1959) "La famille Plouffe"; 1962-1965) "Le pain du jour".
Berval, Paul: (1966-1971) "Moi et l’Autre"; (1963) "La vie parisienne"; (1973) "Y a toujours moyen de moyenner!".
Deschamps, Yvon: En 1966 Clémence présente des spectacles au "Le Fournil" propriété de Yvon Deschamps; (1969) "L'impôt, et tout et tout (parties I, II, III, IV)".
Desrosiers, Jacques: (1964) "Le vol rose du flamant" première comédie musicale québécoise; (1966-1971) "Moi et l'Autre".
Duceppe, Jean: (1953-1959) "La famille Plouffe".
Ducharme, Yvan: (1973) Le film "Y'a toujours moyen de moyenner"; (1969) Le film "Valérie".
Filiatrault Denise: (1966) "Le vol rose du flamant"; (1966-1971) "Moi et l'autre".
Gélinas, Gratien: (1953-1959) "La famille Plouffe".
Giguère, Marcel: (1966-1971) "Moi et l'autre".
Guimond, Olivier: (1964) "Le vol rose du flamant"première comédie musicale québécoise
Latulippe, Gilles: (1973) "Y'a toujours moyen de moyenner"; (1953-1959) "Le Père Gédéon"; (1953-1959)"La famille Plouffe".
Légaré, Ovila: (1969-1974) série télé "Quelle famille!".
Pierre Labelle/ René Angelil: (1970) la revue "La belle Amanchure".
Lévesque, Raymond: (1959) création de "Les Bozos"
Michel. Dominique: (1966-1971)"Moi et l'autre".
Moreau, Jean-Guy: (1973) "Y'a toujours moyen de moyenner".
Noël, Michel: (1969-1974) "Quelle famille!".
Normand, Jacques: Années 1950 auprès de Jacques Normand se passionne pour les monologues
Pellerin, Gilles: (1953-1959)"La famille Plouffe"; (1969-1974) "Quelle famille!".
Sol (Favreau, Marc): (1960-1962) téléroman "La Côte de sable"; (1968) la revue "La grosse tête".
Roger Joubert: (1963) "La vie parisienne".
Ti-Gus et Ti-Mousse /Denise Emond/ Réal Béland: (1966-1971) "Moi et l'autre"; (1969-1974) "Quelle famille!"
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Discographie partielle:

Rappel : Jacques Labrecque, Clémence Desrochers, Paulette de Courval / London / MB.3 / 1958
Clémence Des Rochers / Alouette / SAD 320 / 1962
Le Vol rose du flamant / RCA Victor / PC/PCS-1024 / 1964
Clémence…sans pardon / Gamma / GM-104 / 1966
La belle amanchure /Tremplin / TNL-2001 / 1971
Il faut longtemps d’une âpre solitude.. pour assembler un poème à l’amour /Polydor / 2424-087 / 1973
Je t’écris pour te dire / Franco disques inc. / FR 790 /  Desc. 1974. Janvier 1975
Comme un miroir / Franco disques ins. / FR 793 / 1975
Clémence, Mon dernier show / Franco FD inc / FR41001 / 1977
Clémence Chansons des retrouvailles / Diskade / EG 001 / 1981
Clémence plus folle que jamais / Diskade / EG-002 / 1983

Sources:

1957 Radiomonde et Télémonde, 6 avril, P. 5, Jacques Duval
1958 Le Samedi, 1 novembre, P.4. 5. 38, Odette Oligny
1959 Le Droit, 17 janvier, P.3, Victor Vicq
1964 Télé-Radiomonde, 25 janvier, P. 7
1964 Télé-Radiomonde, 6 juin, P.11
1965 La Presse, 6 novembre P.4. 5. 6. 8, Lysianne Gagnon
1966 Télé-Radiomonde, 24 décembre, P.23
2002  À rayons ouverts Bibliothèque nationale du Québec, janvier / mars, P.3
2005 La Tribune, 9 novembre, P. 1. 2, Denis Dufresne
2009 Le Devoir, 25 novembre, B.10, Sylvain Cormier
2011 Le Nouvelliste, 26 novembre, P. E13 (PC)
http://www.qim.com
Boitedependore.com
clemencedesrochers.ca

Alouette  SAD-520   1962

Fra-Gio-Gio-Fragetti - Clémence Desrochers
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London MB3    1958

L'enfant de Marie - Clémence Desrochers
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RCA-Victor  PC/PCS- 1024      1964

Ti-loup est mort - Olivier Guimond
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Humour sur l'amour - Clémence Desrochers
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Gamma  GM-104  1966

Les jeudis du groupe - Clémence Desrochers
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Polydor 2424-087   1973

Les demoiselles célestes/La vie d'factrie - Clémence Desrochers
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Franco disques inc.  FR 793    1975

La topless - Clémence Desrochers
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Franco FD Inc. ‎– FR41001     1977

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Tremplin  TNL-2001   1971

La victime - Clémence Desrochers
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Franco disques inc.  FR 790       dec. 1974/janvier 1975

Franchement hein Armand - Clémence Desrochers
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Diskade  EG 001    1981

L'hymne à la bière - Clémence Desrochers
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DISKADE   EG-002    1983

Mon horraire - Clémence Desrochers
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RCA Victor  PC/PCS-1024    1964

Photo : © Ronald LABELLE 1977

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