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Raymond Lévesque (1928-2021)

Raymond Lévesque voit le jour le 7 octobre 1928, à l’Hôpital Notre-Dame de Montréal.  Il grandit dans le quartier Parc

Lafontaine de Montréal.  Il est le cadet d’une famille de deux enfants.  Son père, Albert Lévesque, était éditeur et est

considéré comme un pionnier dans l’histoire de la littérature québécoise.  Raymond Lévesque est né dans une famille

aisée de Montréal. Mais il est très jeune lorsque sa famille est ruinée et doit déclarer faillite.

Raymond Lévesque fait des études jusqu’à seize ans.  Comme il n’a pas de goût particulier pour les mathématiques

ou le latin, il se lance, à sa sortie de l’école, dans la photographie pour la revue La Famille.  Puis il est embauché à la buanderie de l’hôtel Mont-Royal, et, comme le travail ne paie pas assez, il devient busboy au réputé cabaret Copacabana.  Lorsque le spectacle régulier était terminé, il se met au piano et chante des parodies sur les succès du jour.

C’est sa mère, alors qu’il avait douze ans, qui lui avait enseigné les premiers rudiments du piano.  Plus tard, il avait rencontré, chez Mme Jean-Louis Audet (où il prenait des cours de diction), des musiciens qui l’avaient incité à rejouer, et c’est en retrouvant le contact des touches blanches et noires que l’envie lui prit d’écrire des chansons.

En  1948, la maladie s'attaque à lui.  Il perd l’audition de l’oreille droite. Le médecin est formel, il deviendra un jour complètement sourd.

Mais à cette époque, personne ne le prend vraiment au sérieux.  Les grands chanteurs préfèrent retrouver, avec les chansons françaises ou américaines, les succès de Crosby, Chevalier ou Trenet.  Qu’est ce qu’on peut bien faire avec les textes du timide Raymond? Difficile pour lui de s’imposer, il est tellement peu sûr de lui.  Un jour, il obtient un rendez-vous avec Fernand Robidoux, animateur à la radio et grande vedette de la chanson au Québec.  Malheureusement M. Robidoux est en retard au rendez-vous.  Une heure passe et puis deux.  Il décide d’aller prendre l’air au carré Dominion juste à côté.  Au moment où il se dit que l’attente n’en vaut pas la chandelle, heureusement ou malheureusement, un oiseau s’échappe sur son épaule.  C’est un heureux présage.  Il retourne chez M. Robidoux et avec plus de trois heures de retard, il rencontre enfin le chanteur.  Raymond l’a toujours dit: C’est à Fernand Robidoux qu’il doit ce qu’il sait du métier.  C’est Fernand Robidoux qui chante ses premières chansons et qui les enregistrent sur disques.  La reconnaissance que porte Raymond Lévesque pour Fernand Robidoux est sans borne.  C'est aussi en 1949 que Fernand Robidoux, lors d'un séjour à Londres, enregistre une dizaine de ses textes et musiques dont cinq seront éventuellement gravés sur disques.

Au début de l’année 1950, il est co-animateur avec Paulette de Courval, chanteuse populaire des années 1950, de l’émission, portant un titre des plus original, Paulette et Raymond qui donne l’occasion au chansonniers de se faire connaître.  L’émission est diffusée sur les ondes de CKAC. Raymond Lévesque se produit aussi au cabaret Le Saint-Germain-des-Prés et fait ses premières apparitions à la télévision naissante dès la saison 1952-1953 en compagnie de Colette Bonheur et de Juliette Béliveau.

En 1953, Raymond Lévesque reçoit le trophée Calvert pour le meilleur comédien de langue française au Festival d’art dramatique pour son rôle dans la pièce Zone de Marcel Dubé.  Raymond Lévesque à une manière très personnelle de se présenter, de chanter ses chansons et de saluer; on dirait tout le temps qu’il s’excuse et qu’il demande pardon au public de l’ennuyer.  Un soir de première, il refusait de revenir en scène et disait à Jacques Normand: Mais qu’est-ce qu’ils ont à applaudir comme ça? Ils se moquent de moi…Ce n’est pas possible”.  Jacques Normand dut le prendre par le bras et le précipiter sur la scène pour éviter que le public ne casse la baraque.

Au mois de mai 1954, Raymond Lévesque entreprend un voyage à Paris en compagnie du chanteur bien connu à l’époque, Serge Deyglun (en France il est appelé Le bûcheron canadien). Il y rencontre plusieurs éditeurs de musique.  Il décroche un contrat dans un petit cabaret L'Admiral.  En juillet 1954, il est en vedette au cabaret l’Écluse.  Il fait la connaissance d’Eddie Barclay qui éditera ses chansons en France.  Il est encore à Paris en novembre et son séjour n’aura pas été inutile.  Eddie Constantine, vedette de cinéma, a séduit la capitale française avec la chanson Les Trottoirs de Raymond Lévesque.  En effet, Constantine vient d’enregistrer sur disque la chanson.  Son séjour aura duré près de trois ans où il a réussi à se tailler une place auprès du public français. 

En 1956, les actualités de plus en plus troublantes qui entourent le début de la guerre d'Algérie inspirent, au chansonnier, un appel à la paix et à la fraternité universelle. Il écrit Quand les hommes vivront d’amour.  Aussitôt reprise sur disque par son ami Constantine qui en fait un succès encore plus grand que Les trottoirs.  Dominique Michel qui se trouve elle aussi en France fait un succès avec la chanson Une petite CanadienneQuand les hommes vivront d'amour a été enregistrée par des dizaines d'interprètes, dont le trio d'un soir formé de Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois à l'occasion de l'ouverture de la SuperFrancofête, en août 1974.

Après avoir terminé une tournée avec la troupe d'Annie Cordy, Raymond Lévesque effectue un retour au Québec à la fin de 1956. Il n'y fait qu'une brève escale, le temps de se produire dans quelques cabarets et retourne en France pour un deuxième séjour qui se prolonge jusqu'en décembre 1958.

1959, c'est l'année des Bozos. Presque tous inconnus à l'époque, ils ont pour noms: Claude Léveillé, Hervé Brousseau, Jean-Pierre Ferland, Raymond Lévesque, Jacques Blanchet, André Gagnon et Clémence DesrochersCollectif de chansonniers qui fondèrent en mai 1959 une des premières boîtes à chansons à Montréal, Chez Bozo sur la rue Crescent.  Ils s'y produisirent pendant quelques mois. Ils avaient emprunté leur nom à la chanson de Félix Leclerc, Bozo.  La boîte à chansons Chez Bozo devient un lieu d'intense activité musicale et le nouveau rendez-vous des artistes français de passage à Montréal.  Malgré leur existence éphémère, on considère avec le recul du temps que les Bozos ont signalé l'apparition du chansonnier comme figure dominante de la musique québécoise dans les années 1960.

Ce n'est qu'en 1962 qu'on peut trouver les chansons de Raymond Lévesque réunies sur un microsillon. Sous le titre Chansons et monologues, celui-ci contient ses plus grands succès, quelques nouvelles chansons et quatre monologues.

En 1965, Pauline Julien lui consacre un album complet tandis que lui-même voit un de ses spectacles à La Butte gravé sur disque.

En 1967, paraît un troisième album après 20 ans où l'on peut à nouveau constater son souci des petites gens, de ceux qui sont souvent les oubliés de l’histoire.

Lors du spectacle Poèmes et chants de la résistance 2 à l'encontre des mesures de guerre imposées à cette occasion, qui se tient au Gésu en janvier 1971, Raymond Lévesque est un des participants les plus remarqués à cause du monologue intitulé Kommandantur qui s'avère un véritable réquisitoire contre toute forme de guerre, quel qu'en soit le motif. 

Les années 1960 sont marquées par le FLQ (Front de libération du Québec) qui pose des bombes pour revendiquer l’indépendance du Québec.  Raymond Lévesque s’engage politiquement en écrivant la chanson Bozo-les-culottes qui traite de ces québécois qui posent des bombes pour mettre fin à la domination des anglophones sur les québécois. La chanson est un succès. 

Lors de la crise d’octobre (1970, enlèvement de James Richard Cross et du ministre Pierre Laporte), on proclame la Loi des mesures de guerre.  400 personnes, sympathisants à la cause souverainiste, sont arrêtés sans mandat.  Raymond s'attend d’être arrêté.  Gérard Pelletier, ministre à Ottawa et ami de Raymond, aurait lui-même rayé le nom de Raymond de la liste des personnes à être arrêtées.

En 1977, il grave ce qui allait devenir son dernier album de nouvelles chansons Le p'tit Québec de mon coeur.

C’est en 1980 qu’il perd complètement l’ouïe.

Ses plus belles chansons dorment dans ses tiroirs. Les compagnies de disques refusent de les enregistrer.

Il a éprouvé tellement de misère à être entendu sur scène au Québec dans les cabarets, qu’il décida un bon jour de monter des scénettes d’actualité, plus précisément des revues.  C’est la seule façon pour lui de se faire engager.  Monter un spectacle, puis louer un local.  Autrement, personne ne l’emploie et ce malgré tout le succès qu‘il a obtenu en France.  Nul n’est prophète en son pays. C’est ainsi que sont nées les revues du P’Tit Caporal.  On nous a fait entendre La Vie tumultueuse de Jacques Mordant, Raymond prépare Salut les Caves.  De 1961 à 1974, pendant douze ans il monte plus d’une quarantaine de revues à la Butte à Mathieu à Val-David.

Raymond Lévesque était aussi poète, romancier et dramaturge.  Il est, entre autres, l’auteur de Quand les hommes vivront d’amour, écrite en 1956 et considérée aujourd’hui comme l’une des plus belles chansons de la francophonie. Au cours de sa carrière, il a rédigé quelque 500 autres chansons.

 

Au cinéma, on a pu le voir dans Deux femmes en or, Après-ski, et il a tenu des rôles remarqués dans Ti-Mine Bernie pis la gang de Marcel Carrière, Panique de Jean-Claude Lord ainsi que dans le film culte de Pierre Harel, Bulldozer.
 

Au cours de sa carrière, Raymond Lévesque a reçu plusieurs honneurs.
  En 1980, l’industrie lui décerne un Félix hommage au Gala de l’ADISQ.  En 1997, il reçoit le titre de chevalier de l’Ordre national du Québec et le Prix Denise Pelletier.  Il a également été intronisé au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens. Or, il décline la remise du Prix du Gouverneur général du Canada des arts de la scène pour des raisons politiques. Selon le poète de Saint-Basile, c’est par respect pour le Québec.
 

Raymond Lévesque est décédé le 15 février 2021 à l’âge de 92 ans.  L’auteur-compositeur-interprète québécois est décédé des suites de la COVID-19.
 

Liste sommaire des artistes avec qui il a travaillé dans des émissions et des films, qui sont nommés sur ce site:

Béliveau, Juliette: (1953-1954) “La feuille au vent”.
Berval, Paul: 1974 le film "Les deux pieds dans la même bottine";
(1967-1968) “Lecoq et fils”.
Desmarteaux, Paul: (1959) “César”; (1967-1968) “Lecoq et fils”.
Desrochers, Clémence: (1959) Avec Raymond Lévesque, Jean-Pierre Ferland, Hervé Brousseau et Jacques Blanchet  LES BOZOS; (1969-1974) “Quelle famille!”.
Desrosiers, Jacques: (1970) Dans le film “Après-ski”.
Duceppe, Jean: (1959-1963) “Joie de vivre”; (1963-1966) “De 9 à 5”.
Ducharme, Yvan: (1974) le film "Bulldozer".
Filiatrault Denise: (1975) “Rosa”.
Gamache, Marcel: (1953-1954) “La feuille au vent”.
Giguère, Marcel: (1963) Série télé "Lecoq et fils"; (1974) le film "Les deux pieds dans la même bottine".
Guimond, Olivier: (1959) “César”.
Hudon, Normand: Dans les années 1960 dessine les pochette des disques.
Latulippe, Gilles: (1967-1968) “Lecoq et fils”.
Légaré, Ovila: (1969-1974) “Quelle famille!”.
Les Cyniques:(1974) le film "Les deux pieds dans la même bottine" Marc Laurendeau.
Les Jérolas/ Jean Lapointe / Jérome Lemay: (1975) le film "Tout feu tout femme".
Noël, Michel: (1967-1968) “Lecoq et fils”; (1969-1974 “Quelle famille!”.
Paul et Paul / Serge Thérriault: (1973) le film "Tu brûles…Tu brûles…".
Pellerin, Gilles: (1973) le film "Trois fois passera"; (1975) le film "Tout feu tout femme".
Sol (Favreau, Marc): (1968-1969) “Les Martin”.
Ti-Gus et Ti-Mousse /Réal Béland: (1975) le film "Tout feu tout femme"; (1969-1974) “Quelle famille!”.
Vermette, Gérard: (1974) le film "Les deux pieds dans la même bottine".
Vincent, Paul: (1974) le film "Les deux pieds dans la même bottine" la voix.

Discographie partielle:

Raymond Lévesque à la Butte à Mathieu / Gamma / GM-102 /1962
Raymond Lévesque Chansons et monologues / Alouettes / SAD-519 / 1962
Raymond Lévesque Avant j’avais peur…/ London / SDL 30013/ 1971

Sources:

1950 Photo-Journal - tout par l'image, 20 juillet,  P. 23, Henri Cheraux
1953 Radiomonde et Télémonde, 7 février, P. 9
1953 Le Petit Journal, 10 mai, P. 80
1954 Radiomonde et Télémonde, 22 mai, P. 12, Mimi Desté
1954 Le Droit, 26 juin, P. 18, Victor Vicq
1954 Radiomonde et Télémonde, 3 juillet, P. 15
1954 Radiomonde et Télémonde, 6 novembre, P. 11
1964 L'Étoile du Nord, 1 août,
2021 Les Versants 24 février, P.1 8, Frank Jr Rodi
Québec Info Musique | Raymond Lévesque

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Allouette SAD-519   1962

Le Frère Donat - Raymond Lévesque
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Gamma GM-102    1962

La neuvième place - Raymond Lévesque
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London  SDL 30013     1971

Peur - Raymond Lévesque
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