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Gratien, Gélinas (1909-1999)

Je me permets ici de faire une exception concernant Gratien Gélinas.  M. Gélinas ayant oeuvré plus spécifiquement à la

radio, à la télévision, au cinéma et bien sûr au théâtre, je n'ai trouvé aucun disque, vinyle 33 tours, 78 tours mais vu la

grandeur et l'importance du personnage dans le milieu culturel du Québec et du Canada,  il était plus que nécessaire de

vous le présenter.  Son personnage de Fridolin dépeint, avec un peu de sarcasme et beaucoup d'ironie, la société

québécoise de l'époque.  Écorchant  au passage politiciens , clergé, etc.

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Considéré par plusieurs comme le « PÈRE » du théâtre québécois, Gratien Gélinas occupe une place unique dans l’histoire culturelle du Canada.

 

"S’il n’avait pas été là, ni le théâtre de Marcel Dubé (1930-2016), auteur dramatique, Un simple soldat, Zone, ni le mien n’auraient été pensable.  Il fallait un père pour ouvrir les portes.  Les générations spontanées n’existent pas".   Michel Tremblay.

 

Gratien Gélinas est né le 8 décembre 1909 à St-Tite-de-Champlain.  Alors qu’il a à peine cinq ans, les amis de la famille viennent, souvent en début de soirée, « déclamer » (réciter) comme on dit à l’époque des vers, des pièces d'auteurs canadiens.  Le jeune Gratien écoute et ne perd pas un mot. Il ne comprend pas tout mais le travail se fait. Il y a la musique des mots, le rythme des vers, le son de la voix, les gestes et celà l’impressionne tellement que, le lendemain, seul ou devant un auditoire composé de sa sœur, il se met à déclamer. 

 

Il fait ses études au Collège de Montréal et il les termine aux Hautes Études.C'est un élève modèle qui fait l’orgueil de ses Maîtres.  Mais, en 1929, il est forcé d'abandonner ses études au Collège de Montréal en raison de la Crise qui sévit. Il se trouve un emploi dans une société d’assurances.  Il fonde avec quelques camarades la troupe des Anciens du Collège de Montréal.

 

En 1934, à CKAC, il obtient un rôle dans Le curé du village, de Robert Choquette. L’année suivante, il obtient son premier succès comme monologuiste dans Télévise-moi ça, revue de Louis Francoeur et Jean Béraud. 

 

En 1936,  il reçoit son baptême du cinéma parlant en tenant, à New York, la vedette d'un film publicitaire d'une heure tourné pour le compte d'une société commerciale.  Il devient comédien professionnel.

 

C’est en 1937, que son don pour la comédie le conduit à l’écriture d’une série radiophonique.  Pour les deux années qui suivent, il crée pour son émission de radio Fridolin, le personnage qui le rendra célèbre.  Fridolin, c’est le gamin espiègle qui décortique avec candeur mais ironie la vie quotidienne de la société canadienne-française d’avant-guerre.  Il choisit ce nom à cause de sa sonorité.  Il écrit les textes de l'émission Le Carrousel de la gaieté.  Le succès rapide de ce programme lui offre l'occasion inespérée de quitter son emploi à la société d'assurances. Fridolin règnera sur les ondes pendant trois années consécutives; son émission deviendra, pour les deux saisons suivantes, "Le Train de Plaisir ».  

 

Le succès instantané mène son personnage de Fridolin sur la scène du Monument National. Il prend d'assaut la scène avec la revue d'actualités Fridolinons.  Fridolin, c’est du “stand-up comique” avant Yvon DeschampsC’est Yvon Deschamps et Les unions qu’ossa donne?  bien avant leur temps, mais bien au goût de son temps à lui.  D’autres diront que c’est l’ancêtre du Bye-Bye. Ce créateur doté d’une énergie peu commune est la première grande vedette de la scène québécoise. Stimulé par ce succès, il écrit et produit sur scène la série des neuf grandes revues musicales, "Fridolinons" entre 1938 et 1946.  avec un succès croissant et inégalé.  Gratien Gélinas offrira au public de Montréal et de Québec cette revue humoristique annuelle.  Ses sujets de prédilection? Le pouvoir, l’argent, le Canada anglais, l’Église même -SACRILÈGE- sont passés en revue (musicale) dans des sketchs, monologues et chansons populaires. 

 

En 1939. il fût proclamé le comédien le plus populaire de l'année.

 

Pendant cette période des Fridolinons, qui couvre toute la période de la Deuxième Guerre, il écrit et met en scène en 1942 le film La Dame aux Camélias, la vraie, parodie de l'œuvre de Dumas, dont il tient la vedette dans son personnage de Fridolin. Ce court métrage, présenté au cours de la revue Fridolinons '43, est le premier film parlant de fiction réalisé en couleurs au Canada.

 

Après la guerre, il abandonne son personnage de Fridolin pour un nouveau personnage, Ti-Coq.  En 1948, le 22 mai, c’est création de la première pièce de Gratien Gélinas, au Monument National. 

 

En 1949, le 29 janvier, c'est la centième représentation de "Ti-Coq".  C'est un événement sans précédent dans l'histoire du Théâtre au Canada.  Le maire de Montréal, M. Camillien Houde, M. Maurice Duplessis, premier ministre du Québec, Mgr Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal et de nombreuses personnalités assistent à la soirée de gala pour l'occasion.  Il recoit alors le Grand Prix de la Société des Auteurs dramatiques de Montréal.

En 1950, Gratien Gélinas porte "Ti-Coq" au grand écran.   En 1951, une version anglaise poursuit la carrière de la pièce Ti-Coq.  En 1951, Ti-Coq est présenté à Toronto, Chicago et à New York.  Une longue tournée bilingue s’ensuit, 542 représentations, un record pour le pays tout entier.

 

À l'occasion de la cent-cinquantième représentation de Ti-Coq, donnée par exception à l'Université de Montréal, cette institution décerna à l’auteur le premier doctorat honorifique jamais accordé au Canada à un homme de théâtre.

 

En 1955, Il écrit sa dixième revue d'actualités, qui fait revivre le personnage de Fridolin et qu'il présente au début de l'année suivante au Théâtre Orphéum, de Montréal, sous le titre de Fridolinons '56.

En 1957, il fonde un organisme théâtral qui se donne comme mission première de contribuer, par la création d'œuvres canadiennes, à l'établissement d'une identité nationale dans les arts de la scène.  Dans ce but, il achète et rénove l'ancien théâtre Gayety, à Montréal, avec l'aide du gouvernement du Québec et de la Brasserie Dow.  Il en fait la Comédie Canadienne, dont il devient le directeur jusqu’en 1972.

 

En 1959, création de Bousille et les Justes, satire comique de la société québécoise paysanne, deuxième pièce de Gratien Gélinas, qui y joue le rôle de Bousille et qui fait la mise en scène en collaboration avec Jan Doat.  Plus de 300 représentations, en anglais et en français, dans 26 villes du Canada, notamment au Festival International de Vancouver, ainsi qu'à la Foire Mondiale de Seattle (États-Unis) comme présentation officielle du Canada.

 

En 1964, il présente, à la Comédie Canadienne, une onzième revue d'actualités, Le Diable à quatre.

En 1965, diffusion télévisée de Bousille et les Justes en Angleterre, en Écosse et en Irlande du Nord par la BBC; présentation à la scène en Finlande et adaptation pour la Tchécoslovaquie et l'Allemagne.

 

En 1966, création d'une troisième pièce de Gélinas: Hier, les enfants dansaient.

 

En 1969, M. Gélinas est nommé président de la Société de développement de l'industrie cinématographique canadienne (future Téléfilm Canada).  Il y restera jusqu’en 1978.

 

En 1975, M. Gélinas fait la mise en scène d'une reprise de "Bousille et les Justes" à la Nouvelle Compagnie théâtrale de Montréal.  L’année suivante, cette production se poursuit à la Compagnie Jean Duceppe (Montréal), au Théâtre du Trident (Québec), au Centre national des Arts (Ottawa), et enfin au Théâtre Populaire du Québec.  Avec un total de 567 représentations professionnelles, "Bousille et les Justes" bat le record que détenait jusqu'ici, pour tout le pays, Ti-Coq.

 

En 1983, M.Gélinas joue dans le long métrage Bonheur d'occasion, de Gabrielle Roy.

 

En 1987, présentation à Ottawa d'un spectacle constitué d'extraits des revues de Fridolin créées entre 1938 et 1946, dans une mise en scène de Denise Filiatrault. Le spectacle est repris à Montréal au théâtre du Rideau-Vert et à Québec par le Trident.  La même année, il participe au tournage de "Les Tisserands du Pouvoir", deux longs métrages et une série de six heures de télévision mises en scène par Claude Fournier.

 

En 1988, "La Passion de Narcisse Mondoux"  est traduite en anglais par Linda Gaboriau et l'auteur. The Passion of Narcisse Mondoux est créée en anglais à Chester, en Nouvelle-Écosse, par la même distribution.  La pièce est jouée pour la 200e fois à Québec le 8 octobre.

 

En 1989, novembre, le Rideau-Vert produit un deuxième spectacle tiré de Fridolinons!, toujours mis en scène par Denise Filiatrault. Ce spectacle est ensuite repris en tournée à travers le Québec et connaît un succès public qui dépasse le premier.

 

En 1991, février, Huguette Oligny et Gratien Gélinas jouent au St. Lawrence Centre for the Arts, à Toronto, la 500e de "La Passion de Narcisse Mondoux".  Six cent trente représentations auront été données au terme de la tournée.

 

Âgé de 82 ans, M. Gélinas met un terme à ses activités artistiques.

 

Gratien Gélinas a réalisé l'essentiel de son oeuvre entre 1930 et 1960

 

À la question "Quel avait été son plus beau moment, sa plus belle réussite?" Gratien Gélinas réponds:

"Fridolin!  J’ai écrit douze revues des Fridolinades et ça été mon université de comédien, de metteur en scène et d'auteur de théâtre. Ti-Coq n’aurait jamais existé sans Fridolin et ce personnage m’a enfin permis de vivre du théâtre, ce qui était fort rare à l’époque.  Cela m’a permis de quitter le monde des affaires, j’étais à l’emploi de la Sauvegarde dans ce temps-là.  J’ai beaucoup de gratitude envers Fridolin,  Le Faubourg à m’lasse, le chandail du Canadien, les ruelles de Montréal, ça ne s’oublie pas. Fridolin a été créé le 6 mars 1938…et quand je mourrai il y aura un grain de lui dans mon cœur. Il me suivra toujours".

 

Le 16 mars 1999 à Oka, Gratien Gélinas est décédé d’insuffisance pulmonaire.  Il souffrait de la maladie d’Alzheimer depuis plusieurs années.

 

Liste sommaire des artistes avec qui il a travaillé dans des émissions et films, qui sont nommés sur ce site:

 

Béliveau, Juliette: (1945) "Fridolin"; "Ti-Coq";  (1947) "La famille Plouffe": (1942) "Métropole"; "La Dame aux Camélias, la vraie"; (1954-1955) "Les quat' fers en l'air".

Berval, Paul: (1954) série télé "Les Quat'fers en l'air"; (1967)  "Toi et Moi" : "Lecoq et fils"; (1961) "Ti-coq "et "Bousille and the just," en anglais

(1953-1959) "La famille Plouffe".

Daigneault, Pierre: (1980) "Cordélia".

Desrochers, Clémence:  (1953-1959) "La Famille Plouffe".

Duceppe, Jean: (1952)  Le film "Ti-coq"; (1980) dans le film "Cordelia"; (1953-1959) le téléroman "la Famille Plouffe".

Filiatrault Denise: (1988) "Les tisserans du pouvoir": (1985) serie humoristique "L'agent fait le bonheur".

Giguère, Marcel: (1970) le film "Red": (1954-1955) "Les quat' fers en l'air".

Latulippe, Gilles: participe à la création de "Bousille et les juste".

Le Père Gédéon: (1953) série télé "La famille Plouffe".

Labelle, Pierre: (1984) "Bonheur d'occasion".

Michel. Dominique: (1988) le film "Les tisserans du pouvoir 2".

Pellerin, Gilles: (1953-1959) "La famille Plouffe" .

 

Sources
 

1959 Le Samedi, 1er août , samedi P.8. 9. 25 ,Odette Oligny

1999 La Presse, 17 mars, P. E1, Jean Beaunoyer

1999 La Tribune, 17 mars, P. C11, Mario Gilbert

1999 Le Devoir, 17 mars, P.A 10, Stéphane Baillargeon

Site Officiel des Productions Gratien Gélinas

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200 représentations

Je vous invitent à visionner ce documentaire de l'office National du film  de 1945 de Roger Blais intitulé Fridolinons

Lettre de Gratien Gélinas Ti-Coq
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