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Gilles Latulippe (1937-2014)

«J’ai passé ma vie à faire rire. On ne récompense pas quelqu’un pour ça. Je me suis amusé tout le temps. .Je n’ai pas

travaillé une seule journée dans ma vie.» Gilles Latulippe, juillet 2014, « Festival Juste pour rire, hommage à

Gilles Latulippe »

Gilles Latulippe est né à Montréal le 31 août 1937.  Son père était quincaillier, rue Rouen, dans Hochelaga-Maisonneuve.

La famille Latulippe vivait au-dessus du commerce familial.

 

Très jeune, il rêve d’écrire des blagues et passe son temps à écouter l’émission de radio Le ralliement du rire, avec Marcel Gamache.  Sa vocation est trouvée: faire rire les gens.   Il commence donc l’école avec beaucoup d’intérêt.  Mais aussitôt qu’il a su écrire phonétiquement, il a commencé à trouver l’école ennuyeuse.  C’est en allant voir une pièce au Théâtre de l’Egrégore qu’il décide de faire carrière dans le milieu artistique.
 

En 1955  il devient messager à la discothèque de Radio-Canada pendant trois ans.  Il y fait la connaissance d’Yvon Deschamps avec qui il se lie d’amitié.  C’est Yvon Deschamps qui l’incite à suivre des cours d’art dramatique avec François Rozet. " Apprenez un texte et revenez la semaine prochaine et nous verrons… nous allons essayer pendant trois mois et nous prendrons une décision."  M. Rozet est sûr, à ce moment-là, qu'au bout de trois mois, il ne reverrait plus Gilles.  Mais, à force de travail, Gilles suit les cours pendant trois ans. M. Rozet y voit en lui un comique de la meilleure veine, physiquement et cérébralement parlant.

En 1959, Yvon Deschamps le présente au metteur en scène Paul Buissonneau.  Ce dernier lui a donné son premier rôle dans un spectacle de La Roulotte
La bande à Bonnot.  Puis, Gratien Gélinas voit en Gilles Latulippe l’acteur tout désigné pour le rôle du frère Nolasque dans sa pièce Bousille et les justes.  Il joue le rôle du petit vicaire plus de 200 fois.  C’est le tremplin de toute sa carrière.

 

Lui qui rêve d’une carrière de comédien, c’est dans Bousille et les justes que son talent de comique est révélé au grand jour.  La voix du burlesque s’est ensuite imposée d’elle-même.  La troupe de Bousille se produit à travers tout le Canada dont au Festival de Vancouver ainsi qu’à l’exposition de Seattle et en anglais s’il vous plaît.

Des planches aux studios de télé, il n’y avait qu’un pas et c’est le comédien Yves Létourneau qui lui permet de le franchir.  Létourneau fait également partie de la distribution de Bousille et les juste et ne peut que constater l’immense talent de Gilles.  Il le recommande donc à son frère Jacques Létourneau, scripteur à La Boîte à Surprises.  C’est pourquoi, par la suite, on retrouve Gilles Latulippe derrière les personnages de Jerry le Tatoué et de Toto le Singe.  Ces compositions pour le moins hilarantes l’entraînent au cinéma et vers la même époque dans les studios de Serge Roy, il tourne une série de treize films pour le compte de Radio-Canada, dans le rôle-titre de Antoine.

Il découvre, dans les années 1960, le monde des cabarets montréalais.  Il monte un numéro de cabaret avec Robert Desroches qu’il présente au Riviera de Trois-Rivières. C’est le début d’une longue association avec Robert Desroches et Manda Parent

En 1961  il a pris un bain d’expérience en France.  Il est alleé applaudir tout ce que Paris compte de grands marchands de rires: Fernand Raynaud, Raymond Devos et Fernandel… pour lui il restera toujours le plus grand.  "Devant lui je retire mon chapeau et je ne le remets plus" dira-t-il.

 

Au printemps 1967, il fait l’acquisition du cinéma Figaro situé sur la rue Papineau à Montréal.  Jusqu'à l'automne de la même année, il y présente des films comiques.  En Octobre 1967, le cinéma change de vocation;  c’est maintenant le Théâtre des variétés.  L’ouverture officielle se fait devant une salle comble.  Plus d’une demi-heure après le début du spectacle, la foule attendait encore à l'entrée du théâtre, espérant qu’on leur trouve une place.  Vingt-cinq artistes sont venus prêter leurs concours à cette ouverture.  Les grands noms qui ont fait les beaux jours du Théâtre National.  Olivier Guimond, Denis Drouin, Paul Berval, Paul Desmarteaux, Jean Grimaldi et bien d’autres. C’est la Grande Juliette Béliveau qui fait l’ouverture officielle du Théâtre en donnant, sur la même scène, les trois coups traditionnels.

 

Avec l’ouverture du Théâtre des Variétés, il ressuscite le vaudeville à Montréal, mais dans les années 1970,  il prévoit qu'il va mourir bientôt.  Il ne mourra pas parce que le public se lasse de cette forme de rire, mais parce qu'il n'y a pas de relève.  C'est avec un peu de tristesse que Gilles Latulippe parle de la mort du vaudeville. Il raconte qu'il a commencé sa carrière en 1959 et qu'après lui, il n'est venu personne pour assurer cette précieuse relève.  "Dans les années 1970, ceux qui font du vaudeville sont de vieux comédiens. Rose Ouellette, Juliette Pétrie et Michel Noël.  Ce sont de bons comiques, mais ils n’assurent pas la relève.  Tous les sketches comiques ne sont pas écrits, il n'y a pas de recueil de ça. Ça se transmet de comique à l'autre, mais on va le transmettre à qui?"
 

De 1968 à 1971, il anime une série de variétés avec Fernand Gignac, Le 5 à 6, qui obtient un énorme succès.
 

En 1969, Gilles Latulippe est élu Monsieur Télévision.  Au cours de l’année 1970, il écrit son premier recueil de blagues Une petite vite.  Gilles a ramassé les “p’tites vite” qu’il raconte tous les jours à son émission de “5 à 6”, les a compilées, et il a choisi les meilleures pour en faire un livre.


De 1970 à 1977, il est la vedette de la comédie Symphorien de Marcel Gamache, l’un des plus grands succès de Télé-Métropole.  Il y reprend le rôle de Symphorien, créé pour Cré Basile en 1965. Ce personnage, concierge dans une maison de chambre, fait la connaissance de multiples personnages joués par Janine Sutto, Juliette Huot, Fernand Gignac, Janine Mignolet, Béatrice Picard, Jean-Louis Millette, Denise Proulx, Yves Létourneau et plusieurs autres.

De 1979 à 1982, il est de nouveau la vedette d’une comédie de Marcel Gamache à TVA, Les Brillant.  Cette fois, il joue aux côtés de Françoise Lemieux, Béatrice Picard, Gaston Lepage, Marthe Boisvert, Claude Michaud, Alpha Boucher et plusieurs autres.

De 1982 à 1987, il accepte de jouer un personnage plus vieux que lui dans la comédie Poivre et sel écrite par Gilles Richer pour Radio-Canada. Il forme avec Janine Sutto un couple âgé qui aime mettre un peu de fantaisie dans sa vie.

Puis en 1987, avec Suzanne Lapointe, il anime l’émission de variétés Les démons du midi où il peut inviter les plus grandes vedettes du burlesque.  L’humour de Gilles et les rires de Suzanne ont marqué l’imaginaire de cette émission.  L’émission est en onde jusqu’en 1993.

Jusqu’en 2014,  Gilles Latulippe ne chôme pas.  De 2000 à 2007, chaque année, il publie un recueil de blagues.  De 1995 à 2014, il met en scène et joue également tous les étés au Centre culturel de Drummondville des pièces que souvent lui-même il écrit et ce, jusqu'à trente jours avant son décès. 

Gilles est un homme d'affaires aguerri,  en plus d’être propriétaire du Théâtre des Variétés il possède plusieurs maisons appartements.  Il est également propriétaire d’une quincaillerie et possède des chevaux de course.

Gilles Latulippe a aussi défendu quelques rôles au cinéma.  En 1965, La vie heureuse de Léopold Z,  un film de Gilles Carle. où Il y tient un tout petit rôle d’employé de banque; Deux femmes en or en 1970, un film de Claude Fournier où il interprète M. Jolicoeur, employé d’un nettoyeur.  Ah! Si mon moine voulait… un film de Claude Pierson en 1973, où Il joue le rôle d’un moine; Pousse mais pousse égal long métrage de Denis Héroux, de 1975, où Il joue le rôle de Conrad Lachance, un raté sympathique; Cabotins en 2010, un hommage au monde du burlesque, où  il y fait une apparition éclair en tant que chauffeur de taxi.

 

"Le show-business c’est difficile d’y entrer, c’est difficile de s’y faire un nom et encore plus difficile de le garder; c’est une bataille quotidienne, mais ça demeure le plus beau métier du monde et ,moi, je n’en sortirai pas.  Même la fatigue de ce métier est le fun" Gilles Latulippe, 1976.

Au mois d’août 2014, il doit annuler les six dernières représentations de sa pièce Salut cocu présentée tout l’été à Drummondville.  Hospitalisé pour une pneumonie, il s'éteint le 23 septembre, emporté par un cancer du poumon à l’âge de 77 ans.  Il se savait condamné depuis déjà deux ans.

Extrait du livre : "Gilles Latulippe  Avec un sourire"  aux Éditionds de L'Homme

Formé par Francois Rozet, aiguillé par Paul Buissonneau et lancé par Gratien Gélinas, vous allez dire que ça allait de soi: il était tout à fait normal, avec une trajectoire comme celle-là, que j'aboutisse au cabaret... D'accord, ce n'est peut-être pas si évident. 

Depuis le début des années trente, grâce à des gens comme Jean Grimaldi, le théâtre burlesque jouissait d'une grande popularité partout au Québec.  À Montréal, durant près de seize ans, La Poune avait dirigé les destinées du Théâtre National où j'étais moi-même allé la voir très souvent.  Donc ce genre d'humour m'attirait  énormément mais on se trouvait, en 1960, dans le creux de la vague pour ainsi dire.

...Donc on était en 1960, il n'y avait pas de rôle pour moi au théâtre ou à la télévision et la seule chose qui marchait, la seule qui pouvait faire vivre son homme sept jours par semaine, douze mois par année, c'était le cabaret.  En participant à la Revue Bleu et Or présentée chaque années à la Comédie Canadienne par les finissants de l'Université de Montréal, j'ai rencontré Robert Desroches, un presque débutant comme moi, et nous avons décidé de faire équipe ensemble.

Comme je les collectionnais depuis l'âge de cinq ans, j'avais dans mes tiroirs une énorme quantité de blaques à partir desquelles j'ai écrit les deux numéros de notre premier spectacle.  Je me souviens très bien de l'endroit.  C'était au Riviera de Trois-Rivières et nous passions en vedette.  Un duo comique passait toujours en vedette... Disons que dans ce cas, il serait plus juste de dire qu'on est passés en vitesse: on était tellement nerveux tous les deux que le numéro, qui devait durer trois quarts d'heure, s'est envolé en vingt petites minutes!  On ne laissait pas le aux gens de temps de rire, le trac nous empêchait d'entendre leurs réactions et on enchaînait gag après gag à un rythme fou de peur de perdre leur attention et qu'ils deviennent trop bruyant... De sorte qu'à la fin de la soirée, après seulement deux représentations, on était épuisés comme si on avait couru le marathon.


Liste sommaire des artistes avec qui il a travaillé dans des émissions et films, qui sont nommés sur ce site:

Béliveau, Juliette(1966-1977) "Rue des Pignons".
Berval, Paul (1965-1970) " Cré Basile"; (1967-1968) "Lecoq et fils".
Deschamps, Yvon: 1955 se lie d'amitié, à Radio-Canada, avec Gilles Latulippe.
Desmarteaux, Paul: Années 1960 travaille avec Gilles Latulippe; (1965-1970) "Cré Basile"; (1967-1968) "Lecoq" et fils".
Duceppe, Jean: entre (1966-1977) " Rue des Pignons".
Ducharme, Yvan: (1973) Le film "Y'a toujours moyen de moyenner".
Filiatrault Denise: (1983-1987) "Poivre et sel"; (1995-1997) " Moi et l'autre... II".
Gamache, Marcel: (1970-1977) "Symphorien"; (1975) le film "Pousse mais pousse égal"; (1965-1970) "Cré Basile" .
Gélinas, Gratien: participe à la création de "Bousille et les juste".
Giguère, Marcel: (1963) "Le Zoo du Capitaine Bonhomme"; (1967) serie télé " Lecoq et fils".
Guilda dans les années (1980) souvent à l'affiche au Théâtre des Variétés.
Guimond, Olivier: (1965-1970) "Cré Basile"; (1970) "Capitaine Bonhomme".
La Poune (Ouellette, Rose): (1966 -1977)  "Rue des Pignons"; (1979) série télé " Les Brillant".
Légaré, Ovila: (1966-1977) "Rue des Pignons"; (1965-1970) "Cré Basile".
Pierre Labelle: (1976) l'émission "Pour tout l'monde".
Les Jérolas/ Jean Lapointe / Jérôme Lemay: (1970) le film "Deux femmes en or";

(1979-1982) "Les Brillant".
Lévesque, Raymond:(1967-1968) "Lecoq et fils".
Michel. Dominique : 1995-1997) "Moi et l'autre... II".
Noël, Michel: (1976) "Pour tout l’monde" ; (1965-1970) "Cré Basile"; (1967-1968)"Lecoq et fils";

(1970) "Capitaine Bonhomme".
Pellerin, Gilles: (1965-1970) "Cré Basile" .
Rivest, Léo:( 1970-1977) "Symphorien".
Sol (Favreau, Marc): (1965-1970) "Cré Basile".
Roger Joubert: (1995-1997) "Moi et l'autre... II".
Réal Béland: (1980) le film "Les Chiens chaud".

Discographies partielle:

Votez pour..Gilles Latulippe & Robert Desroches / Trans-Canada / TF-315 / 1967
La course au mariage   (Théâtre des Variétés) / Trans-Canada / TSF 1451 / 1974

Sources:

1962 Télé-Radiomonde, 10 novembre, P. 5
1963 Télé-Radiomonde, 14 décembre, P. 9, Claude Lyse Gagnon

1967 Télé-Radiomonde, 17 juin, P. 3

1967 Télé-Radiomonde, 7 octobre, P. 6. 7

1968 La Patrie 22 décembre, P. 64
1970 Télé-Radiomonde, 24 janvier, P. 2, Yvon d'Anjou
1971 Télé-Radiomonde, 6 février, P. 20
1976 Le Soleil, 13 novembre, P. F1. F9, Jacques Samson
2014 Le Soleil, 24 septembre, P. 36. 37. 38 Arts et Spectacles
starquebec.net

 

TRANS-CANADA     TF-315    1967

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- Gilles Latulippe
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Franco Élite  1965

Ti-Toto

Trans-Canada  TSF 1451    1974

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