Jean-Guy Moreau (1943-2012)

Né le 29 octobre 1943 dans le quartier Ahuntsic à Montréal, Jean-Guy Moreau est issu d’une famille de la classe

moyenne de Montréal.  Son père, Henry-James Moreau, télégraphiste au Canadien Pacifique, a une profonde influence

sur lui. Véritable boute-en-train lors des fêtes familiales, Henry-James se plaît à imiter Camilien Houde et Jean Drapeau,

maires de Montréal, mais aussi les Mussolini, Hitler et Tony Bennett.  Il lègue à Jean-Guy ce talent d’imitateur et déjà, à

l’âge de huit ans, ce dernier imite les professeurs afin de faire rire ses camarades.  Il prend également plaisir à

interpréter les chansons de Félix Leclerc lors d’un spectacle à son école.  Comme il le dit lui-même: "Je suis devenu imitateur - appelons ça comme ça — parce que je n'avais pas très envie de passer toute ma vie derrière un bureau, et puis, par accident ou par hérédité.  Mon père, mon frère ont ce don-là aussi "

À l’adolescence, il rencontre Jean-Guy Chapados (un musicien professionnel qui au cours de sa carrière accompagnera à la basse plusieurs artistes québécois dont Renée Martel et Diane Dufresne), avec qui il s’amuse à faire des imitations des Everly Brothers. Ils participent ensemble à l’émission radiophonique Billy Monro’s Talents Parade diffusée à CKVL.  Par la suite, ils sont invités à faire quelques chansons en compagnie de musiciens professionnels au Rockliffe, un club du quartier Ahuntsic.  En 1960, Jean-Guy entre à l’École des Beaux-arts de Montréal et suit, en parallèle, une formation de céramiste dans un atelier de Val-David, situé dans les Laurentides, auprès de Maurice Achard, un tourneur de céramique de grand talent.

En 1960, il fait ses premiers pas dans l’univers des boîtes à chansons en imitant le mime Marceau, puis Jacques Brel, Gilles Vigneault, Claude Léveillé, Georges Brassens…il y rencontre Mouffe et Robert Charlebois.

Jean-Guy hésite entre le métier de potier et son intérêt pour la scène, mais sa vocation se définit en décembre 1961.  Il offre alors sa première performance publique et professionnelle avec une imitation de Georges Brassens, en interprétant la chanson l’Orage pour l’ouverture du Saranac, une boîte à chansons du quartier Ahuntsic.
 

Jean-Guy Moreau parcourt le Québec en compagnie de Robert Charlebois qui fait ses débuts et qui l'accompagne au piano pour certaines imitations.  Ensemble, ils conçoivent des spectacles et fréquentent La Butte à Mathieu, un lieu mythique fondé en 1959, à Val-David, où se rassemblent les grands noms de la chanson francophone tels que Gaston Miron, Guy Béart, Félix Leclerc, etc.

Dans les années 1960, Jean-Guy est souvent appelé à remplacer des animateurs, des annonceurs à la radio.  Il remplace entre autres Jacques Duval à CKAC.  Il est là pour animer pas pour imiter.

Vers la fin des années 1960 , on l’engage pour animer sa propre émission L’Enfant de coeur.  Malheureusement, l’expérience n’est pas concluante.  Après trois mois, c’est la fin,  il ne correspond pas au standard des animateurs de CKAC.

Un peu plus tard, en 1964, Jean-Guy Moreau fait la première partie de plusieurs artistes dont Pauline Julien, à la Comédie canadienne,  Darry Cowl, France Gall, Enrico Macias, Les Cyniques, etc.  Ses parodies de Gilles Vignault, de Jean- Pierre Ferland et de Claude Léveillée se retrouvent sur son premier disque Mes amis chansonniers paru en 1965.  C’est finalement en 1966 que Moreau abandonne la céramique et se concentre entièrement à la scène.

En 1967, de retour d’un voyage en Europe avec Charlebois et Mouffe, Jean-Guy passe six mois (156 représentations) au Pavillon du Canada de Terre des Hommes, avec Dominique Michel, Denise Filiatrault, Paul Berval et sept musiciens sur scène, dans une revue musicale bilingue intitulé Katimavik.  Étant donné que ce spectacle est présenté de 18h15 à 19h10, ce qui leur permettaient d’aller travailler ailleurs.  Il en profite donc, vu « ses temps libres »,  toujours en compagnie de Charlebois et Mouffe pour monter une nouvelle revue. Terre des Bums.  Ils présentent ce spectacle pendant plus de deux mois au Patriote à Clémence.

En 1970, avec Clémence Desrochers, il coanime une émission bilingue, Les Montréalais, sur les ondes de la CBC.  Il fait ses débuts comme comédien avec les Comédiens Associés Par le Trou de la Serrure.  Toujours en 1970, il joue le rôle d’un crooner dans le film, mettant en vedette Les Cyniques,  réalisé par Jacques Godbout, IXE-13.  Au Patriote à Clémence il présente avec Guy Lécuyer, Marthe Mercure et Sophie Clément la  revue humoristique 4 IV cat quat’.

En 1971, Jean-Guy retourne à la radio de CKLM 1570.  Il est en onde de midi à 14h.  Après quelques semaines, Roger Lebel, Co propriétaire de la station, l’informe qu’en plus d’être animateur, il devra aussi s’occuper de la mise en onde dû à une manque de technicien.  Il adore l’expérience.
 

De 1972 à 1983, il crée plusieurs voix pour plusieurs dessins animés (ONF) dont À la Recherche du Bleu Perdu, en 1972; Un cheval à toute vapeur,  en 1973; Le Chandail (The Sweater),  en 1980. 

 

En 1977 one-man-show en collaboration avec Jacqueline Barrette et Mark Bradley Mon cher René, c'est à ton tour!  qui fut adapté pour la télévision de Radio-Canada aux Beaux-Dimanches.

 

En 1978, il anime Station Soleil à la télé de Radio-Québec. En 1981, il est animateur-présentateur du premier gala du Festival Juste pour Rire.  En 1983 et 1984 il est coanimateur avec Thierry Le Luron et, en 1989 il coanime avec Patrick Sébastien.  Il participe comme imitateur et comédien à plusieurs Bye Bye! A Radio-Canada entre 1975 et 1989.

 

À nouveau acteur au théâtre en 1972, dans la pièce Oh! Gerry Oh! et Connaissez-vous la Voie Lactée? en 1979-1980.  Autres one-man show: Tabaslak en 1975; Yesterday, Aujourd'hui, Tout-Moreau en 1978; Manquez pas le bateau! en 1980; La tête des Autres en 1983; Chasseur de Têtes en 1986 ; Chez Gérard en reprise en 1991; De Félix à Desjardins en 1992; Menu à la Carte 1995; Le Chum à Céline en 1998-1999; Jean-Guy Moreau comme personne 2005;.

 

Il tient le premier rôle, au côté de Danielle Ouimet, Dominique Michel, Yvan Ducharme et Willie Lamothe, dans le film Y’a toujours moyen de moyenner! 1973; (caméo) Vie d'ange 1979; rôle principal docu-fiction de Michel Moreau Le million tout-puissant 1985; L'Audition 1989 (ONF); Réseaux (série télé) 1998; Omerta (3e saison); depuis quelques années participe à des congrès, colloques et événements spéciaux en tant que scripteur-animateur-présentateur et humoriste invité; Porte-parole des Salons des Générations 2008.

 

Membre de l'Ordre du Canada, 2006, Meilleur spectacle d’humour de l’année (Chasseur de têtes), Prix Félix (1987);Intronisation au Temple international de la renommée de l’humour, Musée Juste pour rire (2001);

En 1985 l’humoriste vogue allègrement vers une mort prématurée avec son taux de cholestérol  de 440.  Il aura fallu 4 pontages coronariens pour éviter qu’il ne passe de vie à trépas.

1987-1988, pendant deux été il fait l’émission du matin à CJMS.  Ça se passe tellement bien qu’on lui demande de remplacer Michel Beaudry, qui quitte son poste pendant la saison régulière.

Il a à son actif une dizaine d’albums de 1965 à 2012 :

 

• Jean-Guy Moreau, vol. 1 - Mes amis chansonniers, 1965, Select;

• Terre des bums 1967 (avec Robert Charlebois et Mouffe) Sélect;

• Tsordaffaires, 1969, Trans-Canada;

• Alouette, je t'y plumeray !, 1969, Trans-Canada;

• Tabaslak!, 1975, Presqu'île;

• Les enregistrements secrets du showbusiness québécois, 1975;

• Mon cher René, 1975, Presqu'île;

• De Félix à Desjardins, 2005, Analekta;

• Mes chansons ma voix 2007 Éd. du Peintre Caché;

• Un jour je serai un océan, 2012, Vu de la lune

Tournée avec Pierre Calvé, Claude Gauthier, Pierre Létourneau et avec Claire Pelletier dans La boite à chansons mise en scène par Robert Charlebois 2009-2012; La web série Manigance 2011-2012. Sortie de son album Un jour je serai un océan en 2012.

Il est l'un des premiers artistes à faire carrière dans l'imitation au Québec.

Depuis 2001, sa santé déclinr.  En 2001, il avait fait une hémorragie interne.  En 2005 et 2006, il avait eu des complications cardiaques.  En octobre 2010, il s’était fracturé la hanche.  À L’automne 2012, son état de santés s’est encore détérioré.  Il meurt le 1er mai 2012 à Montréal à l'âge de 68 ans.
 

Pour Robert Charlebois, c’est une page de sa vie qui se ferme.  Ils étaient les meilleurs amis depuis l’âge de 9 ans.  Jean-Guy était le parrain de Jérome fils de Robert.

 

Extrait du livre "Jean-Guy Moreau 50 ans, 1,000 visages"  de Sophie Moreau au Édition Michel Brûlé:

En juin 1968, L'Osstidcho est présenté et confirme l'enterrement des chansonniers traditionnels. Tout éclate partout en Occident. La pièce Les Belles-soeurs est créée pour la première fois, et révolutionne la manière d'écrire du théâtre au Québec. Enfin de la place pour le parler québécois!  Pendant ce temps, Jean-Guy fait du  cabaret.

Un jour, Moreau discute avec Tex Lecor, qui chevauche aisément l'univers théâtral et celui  du cabaret dans les années 1960.  Sur ses conseils, Jean-Guy appelle la grande booker de cabarets au Québec, en 1966, dont il a oublié le nom.   Celle-ci lui souhaite la bienvenue, lui demandant s'il sait dans quoi il s'embarque...Jean-Guy le découvre rapidement! Son premier contrat est à l'Hôtel Central, à Shawinigan.

Le public est exigeant, arrive souvent en retard, discute pendant les numéros, se lève pour aller aux toilettes et parle aux artistes sur scène. Pendant son premier numéro, le premier soir, trois hommes sont à une table devant la scène et sirotent allègrement leurs bières, tout en discutant. " J'étais pas habitué à ça! Je leur ai demandé si je les dérangeais.  Un des gars a dit: " Imite Pierre Lalonde."  J'ai dit que je venais de le faire.  Le gars a répondu : " Fais-le encore!" Je me suis dis que j'avais intérêt à le faire encore,  sinon je ne serais plus là le lendemain soir... C'est là que j'ai commencé à apprendre mon métier.  C'est une autre place où j'ai appris à travailler.

L'expérience est difficile mais fort enrichissante, sur tous les plans.

Liste sommaire des artistes avec qui elle a travaillé dans des émissions et films, qui sont nommés sur ce site:
 

Blanchard, Claude: (1999) "Omertà III, Le dernier des hommes d'honneur.
Duceppe, Jean: (1972)  Le film "Les colombes" de Jean-claude Lord.
Ducharme, Yvan: (1973) Le film "Y'a toujours moyen de moyenner".
Houde, Paul: (1982-1985) "Vaut mieux en rire".
La Poune (Ouellette, Rose): (1982) le film "Scandale"; (1982) "Le Bye-Bye".
Les Cyniques: (1971) le film "IXE-13";  (1982-1985) "Vaut mieux" en rire André Dubois.
Normand, Jacques: (1977)  "Bye Bye".
Plante, Jean-Pierre: Ecrit les textes de plusieurs de ses spectacles, Bye Bye 1978, Bye Bye 80.

Discographie partielle:

Jean-Guy Moreau Vol. 1 / Select / SP-12.129 / 1965

Terre des bums / Phonodisque / PHL 5006 / 1966
Jean-Guy Moreau (Tsordaffaires) / Trans-Canada / TC-751 / 1969
Alouette je t’y plumeray…Made in québec / Trans-Canada / TSF-1428/ 1969
Les enregistrements secrets du showbusiness québécois / solo / 12345 / 1975
Tabaslak! / Presqu’île / PE 7501 / 1975
Mon cher René c’est à ton tour / Presqu’île / PP 7507 / 1977

Sources:

Jean-Guy Moreau 50 ans, 1000 visages Sophie Moreau Ed. Michel Brûlé P.55/60/61
1970 Télé-Radiomonde, 30 mai, P. 22
1977 Le Soleil, 27 août, P. 14, Marie-Odile Vézina
2012 La Presse, 2 mai, P. 1. 2. 3, Éric Clément
2012 Le Devoir, 2 mai, P. 10, Fabien D’église
1990 Le Soleil, P. 1, Jacques Drapeau

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